Essai : Ford Focus ST 250 : Orange Mécanique
Citrouille pressée
La gamme sportive de Ford a le vent en poupe ces derniers temps. Après notre essai de la Fiesta ST l’année dernière (Essai Fiesta ST), et de la gamme Performance plus récemment (Le Ford Performance Day par Michael), nous sommes partis à la découverte de la toute récente Focus ST, dans sa version animée par le 2,0 L EcoBoost de 250 ch. Une auto haute en couleur, comme nous le verrons…
Un peu d’histoire…
Depuis son introduction en 1999 sur la Mondéo I ST 200, le label ST (pour Sport Technologies) a été apposé sur de nombreuses Ford à caractère sportif. La toute première Focus n’y dérogea pas, et reçu ainsi une déclinaison ST170, qui développait (roulement de tambour)… 170 ch, grâce à un 4 cylindres atmosphérique. Une première génération qui se distinguait par un look très novateur pour l’époque, baptisé « Edge Design », et qui connu par la suite de nombreuses déclinaisons dans la gamme Ford.
La seconde génération (qui rentrait un peu dans le rang esthétiquement), aura également droit à sa déclinaison ST, animée par un excellent 5 cylindres d’origine Volvo, qui comptait 225 équidés (largement plus avec une bonne préparation, le bloc encaissant plus de 400 ch sans sourciller).
Introduite en 2012, la Focus 3 ST marqua une nouvelle évolution. Exit le 5 cylindres, place à un 4 cylindres EcoBoost turbo de 250 ch. Un moteur qui remporta de nombreux suffrages, contrairement au look extérieur de l’auto, bien plus discutable.
La Focus 3 ST s’offre un relooking salvateur
Fraîchement restylée en 2015, la berline compacte du constructeur à l’ovale s’est offert pour l’occasion une face avant bien plus gracieuse que par le passé. Dépourvue auparavant de véritable expression, la Focus ST 2015 s’offre une fois n’est pas coutume un faciès très Aston Martinien : calandre trapézoïdale, optiques effilées, pare-choc acéré : cette Focus ST fait plaisir à voir!
Le tout est sublimé par sa superbe teinte Tangerine Scream, qui n’a rien à envier au célèbre Jaune Sirius des Renault Sport. Variant de l’orange au jaune suivant l’éclairage, cette teinte aura décroché de nombreux regards au cours de notre week-end d’essai. Assurément la couleur qui sied le mieux à cette Focus pas comme les autres !
Si la face avant de la Focus ST ne laisse guère de place à l’imagination, il en va tout autant de son arrière. Surplombé par un imposant becquet (en option), il accueille en sa partie basse un imposant pare-choc intégrant un diffuseur décoratif, et une très suggestive double sortie d’échappement centrale.
Le profil de l’auto n’est pas en reste, avec de superbes jantes de 19 pouces peintes en noir, et des bas de caisse ornés de jolies jupes latérales.
A l’intérieur, on apprécie les progrès réalisés depuis le restylage. Grace à son nouveau système multimédia baptisé Ford Sync 2 (qui se compose d’un écran tactile de 8 pouces), la Focus fait l’économie de nombreux boutons, qui polluaient avant sa planche de bord. Plus moderne que celle d’une Mégane 3 R.S, l’intérieur de cette Focus ST offre une qualité perçue qui se situe dans la bonne moyenne. On apprécie par ailleurs la casquette qui surplombe la console centrale, comprenant 3 manomètres, dont celui de la pression de turbo. Effet garanti !
Autre élément qui permet de distinguer cette Focus ST : ses superbes sièges baquets Recaro, qui offrent un maintien irréprochable, et qui égaient un intérieur par ailleurs un peu triste. En revanche, les personnes un peu corpulentes risquent de ne pas trop apprécier leur étroitesse. Carrure sportive requise en somme ! Ça tombe bien, il va y avoir du sport !
Sur la route : diablement fun!
Après avoir longuement testé la géniale Fiesta ST, mes attentes étaient grandes pour cette Focus dopée au jus de citrouille. Le pari de Ford est-il réussi ?
Commençons par le cœur de la bête : son 2,0 L EcoBoost de 250 ch, et 360 Nm. Ce bloc tout en aluminium s’offre un turbo à la pointe de la technologie : géométrie variable, et faible inertie. Plein comme un œuf, il offre une valeur de couple maximum constante entre 2.000 et 4.500 tr/min. Bien que légèrement pénalisé du point de vue puissance, elle offre des performances très similaires à une Mégane R.S. Trophy, qui compte pourtant 25 ch de plus. Le 0 à 100 km/h est ainsi expédié en 6,5 secondes, quand la vitesse de pointe frôle le cap fatidique des 250 km/h (248 pour être précis).
Plus que ces excellents chiffres, ce moteur offre un coffre épatant. Reprenant dès les plus bas régimes, il grimpe jusqu’à la zone rouge (fixée à 6.500 tr/min) avec beaucoup d’appétit. Par ailleurs, il offre une sonorité assez évocatrice, et qui devient même rageuse quand l’aiguille racle les bords du compte-tours, même si certains pesteront contre son côté artificiel (l’auto dispose en effet d’un générateur de son qui diffuse une tonalité sportive dans les hauts-parleur).
Côté « cycle », les premiers tours de roues ne laissent aucune place au doute : il ne s’agit pas de la Focus de M. Toutlemonde : suspensions et pédale d’embrayage fermes, tout autant que la direction, par ailleurs très directe. Pas de doute, nous sommes à bord d’une auto résolument sportive! En dépit de réglages fermes, l’auto offre malgré tout un amortissement encore décent pour vos vertèbres. On apprécie également la commande de boîte (manuelle, et c’est tant mieux!), qui se montre redoutable en conduite sportive, avec ses débattements raccourcis, et sa grande précision.
C’est justement sur les petites routes sinueuses que cette Focus dévoile toute l’étendue de son talent. Moins rigoureuse que certaines de ses rivales (on pense par exemple à la 308 GTi), la Focus ST se montrera en revanche bien plus fun à manier, avec son arrière mobile à la demande (une caractéristique qu’elle emprunte d’ailleurs à la Fiesta ST). On apprécie d’autant plus la possibilité de déconnecter complètement les béquilles électroniques, afin de profiter « sans filtres » des excellentes dispositions de l’auto : roulis très contenu, train avant diaboliquement précis, freinage puissant et endurant.
En revanche, faute d’autobloquant, et malgré la présence d’un système de contrôle vectoriel de couple, chaque grosse accélération se traduira par des remontées de couple dans le volant (nos voisins anglo-saxons parlent de torque steer), qui obligent à garder les 2 mains sur le volant, sous peine de dévier de sa trajectoire. Du coup, on se sent obligé de peaufiner sa technique, et à ne remettre les gaz que progressivement, au fur et à mesure qu’on débraque. Une véritable école de conduite!
Points positifs :
+ Excellent moteur
+ Comportement joueur : train arrière mobile à la demande
+ Confort encore correct
+ Rapport prix/performances
Points négatifs :
– Remontées dans le couple dans le volant
Conclusion : un rapport prix/plaisir imbattable!
Pour finir et pour ne rien gâcher, cette Focus ST s’illustre par un rapport prix/performances absolument imbattable! Il s’agit en effet de la seule berline compacte de ce niveau de puissance vendue sous la barre des 30.000 Euros (29.000 € en l’occurence), d’autant plus qu’elle bénéficie actuellement d’une remise très intéressante, qui la place au tarif imbattable de 26.100 Euros! Au final, et malgré quelques menus désagréments, cette Focus ST réussit haut la main le test du « smile effect » : chaque trajet à son bord se transforme en vrai moment de bonheur! Inutile de vous le préciser : plus que jamais, il nous tarde de découvrir la Focus RS, qu’on imagine encore plus redoutable!
Un grand merci à Ford France, ainsi qu’à Quentin Boullier, pour ses superbes clichés nocturnes.