Essais

Essai Volkswagen Scirocco R TSI 280 DSG6 : R comme redoutable!


Toujours dans l’air du temps…

Difficile de le concevoir, mais la Volkswagen Scirocco souffle cette année ses 7 bougies. Il faut dire que le dessin de Walter Da Silva n’a pas beaucoup vieilli, et qu’aujourd’hui encore le Coupé sportif de Volkswagen séduit. Celle qui emprunte son nom à un vent saharien violent et très chaud continue de bien s’écouler, puisque depuis sa commercialisation en 2008 plus d’un million d’exemplaires ont été vendus.

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La Scirocco, sortie en 2008

Après un restylage l’année dernière pour le coeur de gamme, c’est aujourd’hui au tour de la déclinaison sportive de la gamme, la Scirocco R, de s’offrir un repoussage. Au programme : puissance augmentée (+ 15 chevaux) et look -encore- plus affirmé. Cette remise à jour est-elle suffisante, à l’heure où de nombreuses rivales cherchent à lui tailler des croupières : Peugeot RCZ-R et Mégane RS Trophy, pour ne citer qu’elles? Nous sommes partis du côté de Reims, pour un essai mêlant parcours routier et piste, pour vous donner la réponse.

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La Scirocco R restylée, dans une superbe teinte « Rising Blue »

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Présentation

Présentée en 2006 sous la forme du Concept Iroc, la Scirocco est un peu la Catherine Zeta-Jones de l’industrie automobile : le temps ne semble pas avoir d’emprise sur elle. En dehors de ses qualités routières évidentes, il est à parier que son style très masculin n’est pas étranger à son succès, avec un regard assez agressif, sans tomber dans la caricature, et un arrière très musclé.

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Le Concept Iroc

C’était encore plus vrai en version R, qui s’offrait un dessin encore plus affirmé, avec un bouclier avant disposant de larges prises d’air, soulignées par des feux de jour à LED, de superbes jantes, ainsi qu’un pare-chocs arrière percé de 2 sorties d’échappement disposées de part et d’autre de l’auto.

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La Scirocco R, dans sa version d’avant restylage

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Par rapport à la précédente version, les changements sont assez subtils, mais néanmoins facilement repérables : pour la face avant, citons le bouclier qui forme désormais un « V » inversé, les projecteurs Bi-xénon directionnels inédits, et qui intègrent dorénavant des feux de jour à LED. Le châssis sport surbaissé de 15 mm par rapport aux autres modèles de la gamme permet d’asseoir visuellement l’auto. On note aussi l’apparition de coques de rétroviseurs « Chrome Mat ».

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La Scirocco R, version 2015. Des feux de jour à LED intègrent dorénavant les projecteurs

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Les superbes jantes de 18 pouces, dénommés « Cadiz » ont également été revues, et arborent une finition diamantée du plus bel effet.

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A l’arrière, cette version restylée se distingue par un hayon et un bouclier inédits (ce dernier étant désormais percé d’ouïes d’aération très réussies), et par des optiques redessinnées.

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L’arrière très râblé de cette Scirocco R, avec ses larges épaules et son bouclier très sportif, est une indéniable réussite

Inutile de vous le cacher plus longtemps : on craque pour cette Scirocco R, qui possède ce surplus de masculinité qui manque peut-être à certaines de ses rivales.

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L’intérieur reçoit également quelques modifications. Outre un nouveau volant à méplat, il reçoit un nouveau combiné d’instrumentation, et surtout des compteurs Sport additionnels, disposés au dessus de la console centrale, et déjà présents sur la GT Cox (si vous avez loupé son essai, c’est par ici : Essai VW GT Cox ). Un intérieur d’ailleurs très bien agencé, et qui se distingue par son ergonomie globale. On apprécie par ailleurs les aiguilles de compteurs bleues, qui sont réservées à la Scirocco R.

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C’est justement au chapitre vie intérieure que l’auto commence à accuser le poids des années. Non pas que la finition soit à blâmer, bien au contraire, avec de beaux matériaux, et des assemblages très sérieux. Simplement, le dessin de sa planche de bord est désormais un peu lourd, notamment par rapport à celui d’une Golf VII. Il faut toutefois rappeler que la Scirocco repose sur une base de Golf V, ceci expliquant cela. Cet intérieur ne se distingue pas par ailleurs par sa gaité, mais c’est une lapalissade s’agissant d’une production Volkswagen. On apprécie par ailleurs les sièges, qui conjuguent bon maintien et confort. A noter que des sièges baquet « Racing » sont disponibles.

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L’intérieur de notre version était doté des sièges en cuir noir « Vienna R », optionnels
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Les sièges baquet optionnels, pour les plus sportifs

On a par ailleurs plaisir à s’installer aux places arrières, qui se montrent étonnamment accueillantes pour un Coupé, et un adulte de taille moyenne (comprendre : mesurant environ 1.75 m) voyagera dans de bonnes conditions, avec une garde au toit encore confortable. La Scirocco constitue donc une « vraie » 4 places, et pas une 2+2 comme certaines de ses rivales (comme la Peugeot RCZ). L’assise creusée permet d’offrir un bon maintien latéral aux passagers arrière, même quand ils ont la mauvaise idée de vous accompagner pour une virée sur circuit (testé et approuvé!).

Et cerise sur le gâteau le coffre reste assez logeable, offrant entre 312 et 1.006 L de contenance. Dans sa globalité cette Scirocco nous étonne par ses aspects pratiques, vraiment soignés pour un véhicule de ce type.

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Les places arrières, étonnamment logeables pour un Coupé

Sur la route/piste

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On commence notre périple par une boucle autoroutière au départ de Paris. L’occasion de découvrir que le mot polyvalence devait figurer en tête du cahier des charges des ingénieurs allemands, tant cette Scirocco se montre une agréable compagne au long cours. Le confort de suspension, quoique logiquement ferme, reste tout à fait supportable, surtout par rapport à une Mégane RS dotée d’un châssis Cup. Même à assez vive allure, le niveau sonore reste contenu. La voiture fait par ailleurs preuve d’une grande docilité, malgré ses 280 ch, et c’est particulièrement flagrant dans les affres de la circulation parisienne.

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Nous arrivons enfin sur la piste de Juvincourt, qui sert de centre d’essais privé pour Bosch. Cette piste de 4,8 km de long comprend un longue ligne droite de 1,8 km, au bout de laquelle nos Scirocco atteignaient les 230 km/h.

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Le tracé de Juvincourt est idéal pour mettre à l’épreuve la stabilité à haute vitesse, car très rapide

On débute avec plusieurs ateliers, afin de tester les aides électroniques du Scirocco : démarrage en pente (de 30%), afin de tester l’aide au démarrage en côte; freinage d’urgence sur bitume mouillé, doublé d’un évitement (on loue alors l’ABS, qui permet de garder le pouvoir directionnel de l’auto, même en phase de freinage); freinage sur surface verglacée (même à seulement 40 km/h, l’auto met de longues secondes à s’arrêter, l’adhérence étant nulle), suivi d’un redémarrage musclé, afin de tester l’ASR. Ce dernier est sans doute le test le plus bluffant, tant il est impossible de démarrer sans l’intervention de l’anti-patinage, seul à même de museler les 280 ch de notre Coupé. Les vertus du différentiel XDS ont également été mis en exergue, avec un exercice de démarrage avec une roue sur le bitume, une autre sur surface verglacée, l’électronique se chargeant alors de transmettre la puissance sur la roue qui a le plus d’adhérence.

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L’atelier démarrage en côte (pente de 30%)
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Le freinage sur surface verglacée, suivi d’un redémarrage « appuyé »
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L’atelier freinage + évitement, le tout sur surface détrempée

Il est temps de s’élancer pour plusieurs tours de piste, pour confirmer ces bonnes impressions. Première surprise : malgré le fait que notre Scirocco R soit une « simple » traction, simplement pourvue d’un blocage électronique de différentiel XDS, les 280 ch et et 350 Nm de couple passent parfaitement bien au sol (en tout cas sur le sec)!

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L’autre bonne surprise vient justement de ce 2.0 TSI. Bénéficiant d’une cure de vitamines avec 15 chevaux supplémentaires, il fait preuve d’une grande vigueur, et se montre « plein » partout, son couple maximal étant disponible de 2.500 à 5.000 tr/min. Il atteint par ailleurs les 6.000 tr/min sans broncher, ce qui est appréciable pour un moteur turbo. On pourra tout au plus lui reprocher ce côté justement un peu trop linéaire, la puissance arrivant de façon certes continue, mais sans réel « coup de pied aux fesses ».

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Les performances sont d’un très bon niveau : le 0 à 100 km/h est avalé en 5,5 secondes (5,7 s pour la version manuelle), et l’auto atteint le cap fatidique des 250 km/h. Sa sonorité, rauque, est par ailleurs agrémentée par des petites détonations à chaque passage de rapport, comme la TT 2.0 TFSI 230 ch que nous avions essayé il y a quelques mois. Vite addictif!

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Le 2.0 TSI de 280 ch, plein à tous les régimes, est un très bon compagnon

La boîte DSG6 souffle le chaud et le froid. Elle se montre d’un côté rapide et précise en mode Sport, en étant directement commandée par les palettes au volant (même s’il lui arrive quand même de changer de rapport à notre insu…), mais manque parfois de réactivité en mode « auto », notamment au kickdown.

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Les longues courbes du circuit de Juvincourt, abordées à vive allure, permettent de mettre en exergue la stabilité à toute épreuve de notre Scirocco R. Mention spéciale pour ce long virage à droite qui se referme, qui débouche sur la ligne droite, et dont la vitesse d’entrée est proche des 160 km/h (voir notre vidéo en fin d’article)! Le niveau d’adhérence de l’auto est proprement bluffant, et même en accentuant l’angle au volant en plein appui aucune dérive du train arrière n’intervient, comme si ce dernier était boulonné à la route! A la limite on note tout au plus un léger sous-virage, aussi rassurant que normal. A noter que notre modèle d’essai était doté de l’amortissement piloté DCC optionnel, ici réglé sur le mode le plus ferme.

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Le freinage ne nous a par ailleurs joué aucun mauvais tour, en se montrant toujours constant et puissant, malgré de fortes sollicitations (avec notamment un freinage en bout de ligne droite, entamé à 220-230 km/h!). 

Dans son ensemble on se trouve face à un outil très efficace, qui permet à un néophyte de prendre du plaisir sur piste, sans jamais se mettre en danger. On peut tout au plus déplorer des prises de roulis un peu trop marquées. Pas de quoi remettre en cause nos très bonnes impressions!

Points positifs :

+ Tenue de route, mêlant grande efficacité et sécurité à toute épreuve
+ Moteur plein à tous les régimes, sonorité agréable
+ Polyvalence d’ensemble : niveau sonore contenu, amortissement encore confortable
+ Aspects pratiques soignés : places arrières et coffre assez logeables
+ Finition de très bon niveau, ergonomie d’ensemble

Points négatifs :

– Présentation intérieure un peu datée (base de Golf V)
– Boîte DSG parfois hésitante
– Roulis un peu trop marqué
– Manque peut-être légèrement de piment

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Verdict

Facturée 41.600 € avec la boîte DSG (malus de 3.600 €), la Scirocco R n’est pas vraiment bon marché, notamment face à une Mégane RS, facturée 32.350 € dans sa version de base (voir à son sujet notre essai : Essai Mégane RS 265 ch ). A ce prix le client disposera toutefois d’un Coupé à la ligne très réussie et toujours d’actualité, même si son intérieur commence à accuser le poids des années, et qui se caractérise par une polyvalence de haut niveau. A l’aise sur tout type de parcours, la plus sportive des Scirocco se montrera également dans son élément sur piste, où son efficacité et sa sécurité en feront un outil redoutable. On pourra tout au plus lui reprocher de manquer d’un peu de piment, mais c’est ce qui lui permet d’offrir un rare compromis entre confort et sportivité.

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Notre vidéo « on board » de l’essai de cette Scirocco R sur la piste de Juvincourt : sensations garanties!