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Essai : Renault Clio R.S. Trophy 220, retour en force?

Saga sportive

Initiée en 1993 sous l’impulsion de la mythique Clio Williams (qui n’était pas encore badgée Renault Sport), la saga des Clio sportives compte déjà quatre générations à son actif.

Clio-Williams
La Clio Williams, et sa mythique robe « bleu sport », associée à des jantes Speedline dorées

Lancée en 2013, la quatrième génération a marquée un véritable tournant dans la saga. Source de cris d’orfraie de la part de certains aficionados, elle a en effet modifiée de nombreux ingrédients dans la recette de la Clio R.S. : carrosserie 5 portes, nouveau moteur, boîte séquentielle. Surtout, cette « C4RS » se voulait plus exploitable au quotidien, plus « tout public » pour le dire autrement (voir à ce sujet notre essai).

Renault Clio 4 RS

Ainsi, l’auto a pu apparaître aseptisée pour beaucoup de fans, avec un moteur turbo certes plus coupleux et souple que son prédécesseur, mais sans doute moins rageur et lyrique que ce dernier (qui était rappelons-le un « bon vieux » 2,0 L atmosphérique, aimant être cravaché à près de 8.000 tr/min).

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Ainsi, si cette nouvelle génération est sans conteste plus polyvalente que de sa devancière, il lui manquait peut-être un « petit quelque chose » pour en faire une authentique voiture de puriste. C’est sans doute afin de réconcilier ce public « pur et dur » que le constructeur au losange a lancé en 2015 une déclinaison plus radicale : la Trophy. Une dénomination très évocatrice pour les amateurs de sportives au losange, et également pour moi, puisque je garde encore aujourd’hui un souvenir ému de l’essai de la Mégane R.S. Trophy

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La Clio Trophy

Affichant plus de puissance, une boite séquentielle améliorée, ainsi que des liaisons au sol revues, cette version Trophy compte bien replacer la citadine sportive au losange au firmament de sa catégorie. Le pari de Renault est-il réussi? J’ai passé quatre jours à son volant pour le découvrir

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Présentation

En comparaison d’une troisième génération dopée aux anabolisants, avec ses ailes arrières hypertrophiées façon R5 Turbo, la Clio IV R.S. fait presque figure d’auto timide, même si elle reprend la plastique flatteuse de la berline.

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Sur ce point, point de révolution à attendre. La Trophy évolue en effet par petites touches, en commençant par un marquage ad hoc sur la lame F1 avant, et des joncs décoratifs sur les portières.

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Les jantes « RADICAL » de 18 pouces offrent pour leur part une nouvelle finition diamantée noire. Ces dernières, conjuguées à un châssis rabaissé (de 20 mm à l’avant, et de 10 mm à l’arrière), permettent d’asseoir le profil de l’auto, qui paraît plus sportive et râblée que jamais.

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C’est surtout sa nouvelle teinte bi-ton optionnelle, le superbe « Givre Nacré vernis Mat », qui permet de distinguer cette édition limitée. Bien que n’étant pas forcément convaincu de prime abord (il faut dire que les peintures mates me laissent généralement de marbre), je dois avouer que ce coloris m’aura indubitablement tapé dans l’oeil.

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Offrant une finition impeccable, ce coloris est par ailleurs contrasté par un toit noir brillant (teinte qui recouvre également les rétroviseurs et le becquet), qui permet d’alléger visuellement l’auto.

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Cette couleur, qui offre un touché très agréable (on se surprendrait presque à caresser l’auto!), aura attiré de nombreux regards tout au long de l’essai. Les clients ne s’y sont d’ailleurs pas trompé, puisqu’elle représente 20 % des ventes de Clio R.S. Trophy. Si vous n’êtes pas encore convaincu, sachez tout de même que cette déclinaison Trophy est disponible avec d’autres coloris : Blanc Glacier, Noir Profond, Rouge Flamme et le bien connu Jaune Sirius.

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L’intérieur de la Clio R.S. Trophy évolue lui aussi discrètement.

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Assez subtiles dans l’ensemble, les modifications apportées par cette série limitée ne bouleversent pas la Clio R.S dans ses fondamentaux. Citons ainsi le volant en cuir embossé, les inserts look carbone sur les enjoliveurs d’aérateurs ou les joncs de portes, la finition « chrome satin » des embase de levier de vitesse et des inserts d’aérateur, et enfin les seuils de porte numérotés. Plus généralement, j’ai beaucoup apprécié les touches de rouge disséminées un peu partout, qui rappellent qu’il ne s’agit pas d’une banale Clio dCi.

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L’évolution majeure est à trouver du côté des sièges avant. La Trophy délaisse en effet les sièges de la Clio R.S classique, au profit de sièges sport en cuir, avec appuie-têtes intégrés. Ces sièges, qui constituent une réussite incontestable, conjuguent maintien impeccable, et dessin très sportif. Enfin, les plus frileux seront ravis d’apprendre qu’ils sont chauffants!

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Les inserts des sièges rappellent la lame F1 de l’auto

Hormis ces modifications, on retrouve la planche de bord désormais bien connue de la Clio IV, qui brille par sa présentation moderne (même si certains lui reprocheront une tablette tactile mal implantée), et son système d’info-divertissement agréable et bien pensé (mention spéciale à l’application Coyote), mais qui manque toujours de distinction du point de vue des matériaux utilisés (notamment face à une 208 GTI). Palme spéciale au levier de la boîte EDC, qui laisse une piètre impression, avec son bouton de déverrouillage en plastique. Vivement que Renault corrige ce point sur la version restylée!

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Sur la route

Plus que par ses modifications cosmétiques, assez légères, c’est bien volant en mains que la Clio R.S. Trophy évolue le plus!

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Il faut dire que les sorciers de Renault Sport n’y sont pas allés de main morte : outre un bon coup de clé à molette apporté à son 1.6 Turbo (qui gagne 20 chevaux dans l’opération), ils ont également considérablement raffermi la suspension, réduit la démultiplication du volant, et amélioré la rapidité de la boîte EDC!

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Si le menu est alléchant, le résultat l’est tout autant! Plus incisive que jamais, l’auto est un vrai régal à mener sur les routes sinueuses, avec sa direction précise et directe (merci la nouvelle crémaillère de direction!), et ses prises de roulis très limitées, qui l’apparentent à un karting. Par ailleurs, et même si elle a été considérablement raffermie par rapport à la Clio R.S. classique (de près de 50%), sa suspension offre un confort encore supportable, sauf sur chaussée très dégradée. On ressent ici les effets bénéfiques des butées hydrauliques, sorte d’amortisseur dans l’amortisseur, qui viennent du monde de la course automobile, et qui ont été montés en première mondiale sur la Clio IV R.S.

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Avec ses nouveaux réglages, et ses pneus semi-slicks Michelin Pilot Super Sport (en profil 205/40R18), la Clio Trophy devient une vraie limeuse de bitume, qui a toute sa place sur un circuit (de préférence sinueux!). Globalement, l’auto brille par sa cohérence et son efficacité, et ne se départit jamais de sa rigueur, même en conduite musclée.

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L’auto offre plusieurs modes de conduite : Normal, Sport, et Race. Si le premier est parfait en utilisation « classique », le second est tout indiqué si vous avez envie de vous encanailler. Quant au dernier, on le réservera aux plus téméraires, puisqu’il désactive toutes les béquilles électroniques, et met également en veille le différentiel électronique. Mazette!

De ce point de vue justement, point d’évolution sur la Clio Trophy. Elle se dote en effet du même différentiel électronique que la R.S classique, baptisé R.S.Diff. Ce dernier freine la roue avant en amorce de patinage, afin d’améliorer la motricité du train avant. Un système convainquant, puisque l’auto arrive à transmettre correctement sa cavalerie sur sol sec (les choses sont évidemment plus compliquées sur sol mouillé), même si on aurait quand même préféré un autobloquant mécanique.

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Retravaillé par rapport à sa petite soeur, son bloc 1.6 TCe offre jusqu’à 10% de puissance supplémentaire, et culmine désormais à 220 ch, à 6.050 tr/min. Le couple est également revu à la hausse, et grimpe maintenant à 260 Nm (une valeur en hausse de 20 Nm). Un système overtorque est même de la partie, et augmente le couple à 280 Nm, sur les 4 ème et 5 ème rapports.

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Pour arriver à ce résultat, Renault Sport a revu la cartographie du moteur, mais aussi son circuit d’admission. Surtout, le turbo d’origine cède sa place à une plus grosse unité, histoire de faire bonne figure!

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Plus que ces chiffres intéressants, c’est surtout son caractère rageur qui frappe. Reprenant dès les plus bas régimes, ce bloc grimpe avec appétit jusqu’à la zone rouge (qui intervient après 6.500 tr/min), où il crache tout ce qu’il a dans l’échappement. Il faut dire que ce point a également été retravaillé par les ingénieurs, qui ont modifié sa descente. Le résultat? De suggestifs crépitements dans l’échappement à chaque passage de rapport, et un joli râle dans l’habitacle, si tenté que vous ayez enclenché le mode sport de l’auto. Cette belle vigueur est confirmée par le chrono : l’auto demande en effet 6,6 secondes pour passer de 0 à 100 km/h, et offre une vitesse de pointe de 235 km/h. Si le constructeur au losange revendique une consommation en cycle mixte de 5,9 L aux 100 km, un pied lourd asséchera son réservoir de 45 litres en 400 km.

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Le bouton R.S. DRIVE, qui permet de modifier le mode de conduite

Quoiqu’il en soit, cette belle vigueur n’est pas gâchée par la boîte à double embrayage EDC, bien au contraire. Retravaillée par rapport à celle de la R.S classique, elle offre des passages de rapport jusqu’à 30% plus rapides. Ces promesses se vérifient immédiatement, puisque la boîte fait preuve d’une belle célérité. En mode Race, elle devient même féroce, et ne nécessite ainsi que 120 ms pour changer de rapport! Ce dernier mode permet d’ailleurs de garder un contrôle complet sur la boîte, qui n’enclenche alors pas automatiquement le rapport supérieur à l’approche de la zone rouge.

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Surtout, elle sait se montrer douce en mode automatique, et brille par son intelligence, avec un kickdown très réactif, et une fonctionnalité rare sur le segment, qui rétrograde automatiquement jusqu’au bon rapport en cas de freinage, si tenté que la palette de gauche reste enclenchée. Par ailleurs, on retrouve avec plaisir le système launch control, qui permet de réaliser des départs canon.

Le launch control en action :

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Conclusion :

Avec cette série limitée Trophy, Renault balaie une bonne partie des critiques formulées contre la Clio IV R.S. Grâce sa transmission EDC revue et corrigée, ses liaisons au sol raffermies, et son moteur plus rageur que jamais, l’auto offre la sportivité qui manquait peut-être à sa petite sœur, à défaut de radicalité. Si certains points restent à améliorer (et notamment sa finition), l’auto devrait sans peine convaincre ceux qui reprochaient à la Clio IV R.S. son côté un rien trop consensualiste.

Points positifs :

+ Moteur coupleux et rageur

+ Boîte EDC réactive en conduite sportive, et douce en utilisation normale

+ Comportement routier raffermi, et direction plus directe

+ Confort encore correct

Points négatifs :

– Consommation féroce en conduite sportive

– Finition en deçà de ses rivales

– Changements esthétiques un peu trop discrets

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