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Dans la peau d’un pilote des 60’s avec la Classic Racing School

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La Classic Racing School à l’essai

Les origines de la Classic Racing School remontent au 27 juillet 1958. C’est à cette date que le « Circuit International de Montagne d’Auvergne » est inauguré. Implanté à flanc de volcan, le circuit fait alors 8 km de long. Les bâtiments définitifs ne sont pas encore en place, mais le tracé de 52 virages séduit déjà pilotes et spectateurs. Stirling Moss ne tarit pas d’éloges à son sujet, puisqu’il qualifie Charade de « plus beau circuit du monde ».


La suite ne va pas le contredire : Charade accueille quatre Grands Prix de Formule 1, entre 1965 et 1972. Le circuit sert même de décor pour le film Grand Prix de 1966.

Sorti en 1966, le film Grand Prix a remporté trois Oscars
Une partie du film a été tournée à Charade

Avance rapide jusqu’en 2017 : la Classic Racing School fait ses premiers pas. Propulsée par des élèves ingénieurs, l’école de pilotage a choisi Charade comme camp de base. Et ce choix est tout sauf un hasard. Déjà, le circuit est réputé comme l’un des plus beaux au monde : on ne l’appelle pas le Nürburgring Français pour rien ! Ensuite, car la Classic Racing School rend justement hommage à l’âge d’or du sport automobile : les années 60.

Si je vous raconte tout ça, c’est parcque j’ai eu l’immense privilège de vivre l’expérience Classic Racing School il y a peu. Et autant vous le dire tout de suite : je ne suis toujours pas redescendu de mon petit nuage… Pour que vous compreniez pourquoi cette école de pilotage est unique au monde, je vous propose de m’accompagner sur le circuit de Charade, pour une journée au sein de la Classic Racing School !

Le concept Classic Racing School

La philosophie Classic Racing School est simple : permettre à ses participants de remonter jusqu’aux sixties, a.k.a l’âge d’or du sport automobile.

Des pilotes rentrés dans la légende s’y sont illustrés (Clark, Stewart, Moss…), et des considérations mortifères (environnement, sponsors, actionnaires…) n’avaient pas encore pris le pas sur le reste. A défaut de machine à remonter dans le temps, la Classic Racing School peut compter sur plusieurs facteurs pour réaliser ce retour vers le passé.

Des monoplaces historiques sans filtres

Premier point, et pas des moindres : les autos. Le destin de la Classic Racing School est étroitement lié à un petit constructeur de voitures de course : The Crosslé Car Company. Fondée en 1957 en Irlande du Nord, la firme a construit d’innombrables autos, et notamment des monoplaces de Formule Ford.


C’est justement d’un modèle victorieux en Formule Ford en 1969 que Crosslé s’est inspiré pour développer la monoplace de la Classic Racing School. Je vous présente la Crosslé 16F.

La Crosslé 16F

Baptisé 90F (le 90 faisant référence à 90 décibels, la limite de bruit imposée par le circuit de Charade), le nouveau modèle est étroitement dérivé de son illustre ancêtre. Les seules concessions apportées tournent autour de la sécurité et de la fiabilité. Pour le reste, c’est back to 1969 comme dirait l’autre : pas de béquille électronique (ni ABS, ni antipatinage, et encore moins d’ESP), pas de direction assistée. Même le freinage n’est pas assisté !

La Crosslé 90F. La ressemblance est plus que saisissante !

La fiche technique de l’auto laisse rêveur : derrière le pilote trône un bon vieux moteur Ford Zétec de 2.0 litres, préparé par Dunnell. Alimenté par un carburateur Weber, le bloc est associé à une boîte à crabots à 4 vitesses, et transmet ses 110 ch aux roues arrières. Une puissance plus que respectable, surtout que l’auto ne pèse de 420 kg !

Les entrailles de la belle

Alléchante dans ses caractéristiques, la Crosslé 90F est aussi sublime à regarder. Développée à une époque où l’aéro n’avait pas encore pris le pas sur le look, l’auto offre une ligne d’une pureté folle, avec son fameux look « cigar shape » (en forme de cigare pour les fâchés avec la langue de Shakespeare). On n’a pas fait mieux si vous voulez mon avis !

Le poste de pilotage. Pas de gadgets, pas de diodes sur le volant, des rétros type « obus » : simple et tellement efficace !

Une ambiance vintage jusqu’au dernier détail

Non contente de vous mettre au volant d’authentique monoplaces historiques, la Classic Racing School pousse le concept encore plus loin, en vous plongeant dans une ambiance vintage pensée jusqu’au dernier détail.

Dès votre arrivée, vous êtes immédiatement mis dans le ton, en découvrant le lounge de la Classic Racing School. Le mobilier et les objets de décoration sont tout droit échappés des sixties, et l’ambiance est résolument cosy et chaleureuse. Il m’a d’ailleurs été difficile de résister à l’envie de tout prendre en photo, tant le soin du détail a été poussé jusqu’à l’extrême : stands, vestiaire, salon : tout est d’époque !

Le lounge : avouez qu’on aimerait bien avoir la même déco chez soi !

Et cette mise en scène ne s’arrête pas là, puisque l’heureux participant aura droit à la panoplie complète du vintage driver : combinaison d’époque, bottines, casque…

Une prestation résolument premium

Complète, l’expérience Classic Racing School comprend également la restauration : déjeuner du midi (la nourriture est excellente), mais aussi en-cas et boissons entre deux sessions (avec notamment charcuterie et fromages du cru), sans oublier l’apéritif champagne qui conclut la journée.

Bien évidemment, le pilote profite tout au long de la journée d’un encadrement aux petits oignons, avec un briefing complet avant de prendre le volant, et les conseils des instructeurs de l’école tout au long de la journée. Parmi ces derniers on retrouve notamment Pierre Sancinéna (qui participe à l’Alpine Europa Cup ou au championnat GT4), ou encore Vincent Beltoise. Autant vous dire que vous êtes entre de bonnes mains !

Un photographe pro (l’excellent Benjamin Fournier) est là pour immortaliser l’instant, et des GoPro installées dans chaque auto permettent de capturer les sessions piste. Quelques jours après, le participant reçoit par courrier une jolie clé USB contenant photos et vidéos de la journée, histoire de se remémorer ses exploits. En parlant de ça, il est justement temps pour moi de vous raconter ma journée !

Mon expérience de pilote vintage

Dimanche 23 août 2020 au matin. Nuit courte et réveil matinal. Malgré cela, un large sourire traverse mon visage. La raison ? On m’attend sur le circuit de Charade pour participer à la Classic Racing School.

La pression monte…

Même si j’ai déjà eu l’opportunité d’approcher l’école l’année dernière lors de mon essai de la Tesla Model 3 Performance, j’avoue que je n’en mène pas large. Il faut dire que je n’ai jamais piloté de machine semblable à la Crosslé 90F : aucune aide ou assistance ne viendra à ma rescousse en cas de problème. Surtout que Charade n’est pas réputé pour pardonner les erreurs de pilotage : les murs sont proches, et les espaces de dégagements (bacs à gravier) sont rares. Et plus généralement le tracé est réputé pour être technique, notamment par son relief.

Le tracé de Charade

Après avoir été briefé par Julien Chaffard, le boss et fondateur de la Classic Racing School, ce dernier m’emmène sur le circuit pour m’expliquer les trajectoires et points de freinage. Julien attire mon attention sur un petit détail qui aura bientôt toute son importance : il ne faut surtout pas monter sur les vibreurs du circuit. La raison est très simple : ces derniers font 6 cm de haut, tandis que le châssis de la Crosslé culmine à… 4 cm. Toute rencontre fortuite avec un vibreur se paiera donc cash, avec un châssis endommagé, et potentiellement bon pour la poubelle. Gloups…

… Et monte encore

A peine le temps de dire ouf qu’on me prie d’enfiler ma tenue de pilote. Un vrai rituel, qui termine mon immersion dans la peau d’un pilote des sixties. Avouez que cette combinaison beige OMP avec bandes Gulf ressemble furieusement à la combinaison de Steve McQueen dans le film Le Mans !

Je me dirige ensuite vers celle qui m’accompagnera tout au long de l’après-midi : la Crosslé 90F n°2. Revêtue d’un joli bleu nuit, la livrée de « ma » Crosslé rend hommage à la mythique écurie Brabham. Vous l’avez d’ailleurs déjà sans doute remarqué : toutes les monoplaces de la Classic Racing School reçoivent une livrée historique. Il y a notamment la bleue Matra, la beige Honda, la rouge Ferrari, ou encore la noire JPS. De quoi accentuer encore un peu plus l’ambiance « revival » de l’école !

Ma Crosslé n°2, avec sa livrée bleu Brabham

On s’installe !

Vient l’étape de l’installation à bord. Ou plutôt devrais-je dire du dépliage. Car même si l’habitacle de la Crosslé 90F a été pensé pour convenir à tous les gabarits (ou presque), il faut quand même faire preuve de souplesse pour prendre place. Et aussi de précaution : il ne faut surtout pas s’appuyer sur la jolie verrière en plexiglas, qui ne supporterait pas un pareil traitement.

Une fois installé, je constate que la position de conduite est sans commune mesure avec celles des voitures de route (même sportives) : mes jambes sont allongées, et mon buste est presque perpendiculaire à ces dernières. Pour dire les choses plus trivialement, mes fesses n’ont jamais été si proches du sol.

Après m’avoir solidement harnaché, on m’explique le rituel de démarrage : il faut tout d’abord désactiver le coupe-circuit, lancer la pompe à essence et actionner le contacteur de démarrage. Une fois ces trois étapes remplies, il suffit d’appuyer sur le bouton start. Facile.

Et évidemment, il ne faut pas oublier l’essentiel : le volant !

La belle se réveille

Contact : le 2.0 litres Zétec s’ébroue derrière moi, à quelques centimètres de mes oreilles. Ses vibrations remontent dans ma colonne vertébrale. A ce moment là, j’échappe un gloussement de joie, et je comprends que la journée va être folle.

Une première session de rodage

Pour la première session (il y en aura trois au total, ce qui correspond à soixante km au total), je suis encadré par Julien qui pilote devant moi une Crosslé orange. Une excellente mise en selle pour moi, puisque je vais pouvoir apprendre les trajectoires et les points de freinage. J’enclenche le premier rapport de la boite à crabots, et j’arrive à m’élancer sur la piste sans caler (non sans fierté je vous l’avoue).

Les vingt premiers km me permettent de prendre la Crosslé en main, tandis que Julien augmente progressivement le rythme. J’enchaîne les cinq tours sans difficulté : ni tête à queue, ni grosse frayeur. Seul bémol : la boite à crabots nécessite un temps d’accoutumance, et je n’arrive pas à rentrer la vitesse voulue à deux ou trois reprises. Heureusement, le moteur est souple, et accepte sans broncher d’évoluer à bas régimes. Pour un peu je pourrais presque tout faire en troisième. Mais ça ne serait pas drôle.

La première session finie, je profite du débriefing de Julien. Mon rythme est bon, et mon galop d’essai semble avoir été plutôt probant. Je vous épargne la chronologie des deux sessions suivantes : ce sont mes sensations qui sont les plus intéressantes.

Un feeling unique

Il suffit de quelques virages pour comprendre que la Crosslé 90F n’a absolument rien de commun avec tout ce que j’ai pu piloter jusqu’alors. Le petit volant Moto-Lita commande une direction ultra-directe. Le feeling est sensationnel : je ressens jusqu’au grain du bitume. Même si elle n’est pas assistée, cette direction ne nécessite que peu d’efforts, et il suffit d’une petite impulsion pour changer de direction. Et j’avoue que le simple fait de voir les roues avant tourner devant moi me procure un sentiment assez unique. Celui de réellement faire corps avec la machine.

Le châssis est au diapason : il me « téléphone » ses moindres réactions, sans aucun filtre. Même si l’auto est très vivante, il est donc facile de comprendre ce qui se trame, et de rattraper le coup, si nécessaire. La Crosslé est une auto qui se pilote avec délicatesse, et qui peut réagir vivement si ce n’est pas le cas. Il faut donc réaccélerer « à fond » les routes droites, toujours garder des gaz dans les virages rapides pour stabiliser l’arrière. Et bien évidemment, tout freinage ou lever de pied en appui se traduit par une réaction instantanée.

Une fois qu’on a pigé ça, on arrive à discerner facilement les limites d’adhérence. Je sais que j’insiste sans doute un peu trop sur ce point, mais vraiment, l’auto fait preuve de beaucoup de progressivité. Pour preuve : j’ai rattrapé immédiatement les quelques survirages qui sont se présentés, sans même me poser la question de ce qui se passait.

Freinage, boite de vitesses, moteur : que du bonheur !

Autre satisfaction : le freinage. Même si ce dernier est dépourvu d’assistance, il m’a semblé facile à doser (pour preuve : je n’ai pas bloqué les roues une seule fois), et il se prête très bien au freinage dégressif de rigueur. Quant à la boite de vitesse, une fois son mode de fonctionnement assimilé (et notamment la nécessité de bien décomposer le passage de la deuxième à la troisième), elle contribue elle aussi au plaisir omniprésent. Les rapports passent à la volée, avec un  » claquement » assez jouissif à chaque changement. Et ce même si je concède ne pas maitriser la fameuse technique du talon-pointe.

Malgré sa nature relativement roturière (il s’agit d’un « banal » quatre cylindres Ford atmosphérique), le moteur a lui aussi un sacré caractère. « L’effet carbu » si cher aux amateurs de voitures anciennes est bien présent, et on ressent donc un vrai coup de pied aux fesses lorsque les deux corps s’ouvrent, et que la sonorité devient rageuse. Ce petit 2.0 litres Zétec prend plus de 7.000 tr/min sans broncher, et démontre un réel appétit pour les hauts régimes. Miam !

La caméra embarquée de ma troisième (et dernière session) :

Tarifs, calendrier de la Classic Racing School

La Classic Racing School propose plusieurs programmes, en fonction de vos envies. Toutes les formules comprennent le coaching personnalisé, la restauration complète (déjeuner traiteur, open-bar, apéritif champagne à la fin), le prêt de l’équipement complet sur mesure, l’accès au lounge privé, et le pack pilote (photos, vidéos de l’expérience). Les différents programmes possibles :

  • 60 km / 14 tours : 990 Euros
  • 120 km / 30 tours : 1.790 Euros
  • 200 km / 50 tours : 2.490 Euros. Ce dernier s’adresse aux pilotes expérimentés

Le tarif peut sembler élevé de prime abord, mais il est à mettre en adéquation avec la qualité de la prestation, le caractère « tout compris » de cette dernière, et surtout les sensations procurées. Rien à voir avec les stages de conduite de supercars qu’on retrouve dans les box, qui sont bien souvent castrateurs et très brefs !

Des programmes et des tarifs spécifiques sont disponibles pour les groupes (logique dégressive : plus on est de fous moins on paie !). N’hésitez pas à demander un devis en contactant la Classic Racing School par mail : contact@classicracingschool.com

Le calendrier des prochaines dates de la CRS.

Pour conclure : Une expérience inoubliable

Il y a des expériences qui marquent la vie d’un passionné. Pour ma part, je pense que l’expérience Classic Racing School marquera la mienne. Je n’aurais pas suffisamment de superlatifs pour décrire cette journée du 23 août 2020, qu’il s’agisse de l’accueil de la team Classic Racing School, de la beauté du circuit de Charade, ou des sensations que j’ai pu avoir au volant de la Crosslé 90F. Le temps d’une journée, je suis devenu un pilote vintage, à l’image d’un Jackie Stewart ou d’un Stirling Moss en herbe. Et je vous recommande VIVEMENT d’en faire de même.

P.S : je vous reparlerai de l’école tout bientôt comme dirait l’autre…

Un immense merci à la Classic Racing School pour l’invitation, aux équipes sur place pour leur accueil et leur bonne humeur. Et un merci encore plus spécial à Julien et à Alvaro.