Essai : Seat Arona : Le Challenger Ibère
Seat poursuit son offensive
Arona ? C’est une commune située sur l’île de Tenerife, dans l’archipel des Canaries.
Destination de rêve pour beaucoup de touristes en mal de soleil et de ciel bleu, Arona est aussi depuis peu le nom de baptême du nouveau petit SUV de Seat, étroitement dérivé de l’Ibiza présentée au printemps dernier.
Dès la planche à dessin le dynamisme des lignes du futur SUV de la marque était prépondérant.
Une fois n’est pas coutume, c’est sous un ciel bien sombre et de nombreuses averses que Blog-Moteur fut convié par le constructeur à une journée d’essais à proximité de Barcelone.
Comme nous sommes toujours en avance sur les autres (si avec ça Michael ne me donne pas une prime c’est à désespérer…) j’ai eu la chance de prendre en main deux versions de la dernière née de la marque pas encore commercialisées chez nous : La FR 1.5 TSI de 150cv à boite 6 manuelle, et la 1.6 litres TDi de 95cv à boite 5 et finition Xcellence.
Pour l’instant notre hexagone national doit se contenter des versions 1.0 litre TSI de 95cv en boite 5 et 1.0 litre TSI 115cv en boite 6 manuelle ou DSG à 7 rapports, mais cela ne devrait pas durer longtemps, le marché du Diesel n’étant pas encore mort les motorisations de ce type devraient arriver très rapidement chez nous.
Rassurez-vous les abonnés de la zone rouge : Le 1.5 TSI apparaîtra bientôt en France.
Sorti de l’aéroport et du trafic local avec la FR 1.5 TSI j’apprécie le silence à bord et le niveau d’équipement pour le moins généreux : Détecteurs d’angle mort dans les rétroviseurs, belle sellerie (mais un peu tristounette, le tissu noir du ciel de toit rend l’atmosphère franchement lugubre à bord), écran tactile 8″, suspension à dureté réglable, jantes alu 18″, climatisation bi-zone, système audio Beats, recharge du Smartphone par induction etc etc… Bref c’est le sommet de la gamme, et le client doit en avoir pour son pognon : Mission accomplie !
Sur la route l’auto est silencieuse et le comportement dynamique sans reproches, on ne louera jamais assez la réussite qu’est pour le groupe VAG cette nouvelle plateforme baptisée MQB A0. Toutes les Arona sont des tractions, aucune déclinaison 4×4 n’est prévue, même à long terme.
La suspension est, tout comme la sellerie d’ailleurs, ferme, mais sans jamais être inconfortable.
Un petit tour hors-bitume montrera que l’auto a de belles possibilités off-road, malgré une circulation sur un chemin franchement mauvais jamais elle ne me jouera de mauvais tours, si ce n’est que la monte pneumatique d’origine (en Pirelli P7 pour tous les modèles d’essai) n’est pas du tout adaptée à ce genre d’exercice et montrera vite ses limites si vous jouez les aventuriers du dimanche, mais franchement les acheteurs de SUV sont-ils tous des adeptes d’Indiana Jones ?
Un petit tour à l’extérieur me permettra d’apprécier le design de l’auto qui, comme l’Ibiza, est à mes yeux une belle réussite : Face avant qui respire la robustesse avec son dessin de capot assez « carré », belle expression de dynamisme sur les côtés avec ces deux lignes qui disparaissent sans se rejoindre et qui englobent le dessin des feux, c’est franchement très bien vu de la part des stylistes de la marque car cela permet de faire la différence avec la concurrence, l’Arona apparaissant d’ailleurs avec retard sur un marché déjà pour le moins occupé.
La face avant respire la robustesse et l’aventure.
Le traitement stylistique des flancs est remarquable.
Au volant, je m’essaie à la programmation du style de conduite, il y en a quatre à bord : Economique, normal, sport et personnalisé.
Si je n’ai pu tester la dernière formule (trop de choses à paramétrer et pas assez de temps disponible) je dois bien reconnaître que je n’ai pas vu de grosses différences entre les trois autres modes, sauf peut-être à pousser la voiture dans ses derniers retranchements mais sur une route ouverte à la circulation…
Inutile de se pâmer sur les sorties d’échappement de la FR : Elles sont factices !
Pourtant une chose me chagrine, en fait je l’ai sous les yeux et il s’agit de la planche de bord : Ce n’est ni plus ni moins que celle de l’Ibiza. SEAT aurait pu au moins faire un petit effort et changer « deux ou trois trucs » histoire de bien différencier les modèles mais bon, on ne l’a pas estimé nécessaire à priori, et c’est franchement dommage.
Hélas la planche de bord est un « copié-collé » de celle de l’Ibiza, j’aurais aimé quelque chose de plus « brut de fonderie » sur ce SUV.
Le coffre est une belle satisfaction, avec une contenance de 400 litres, record dans sa catégorie, et l’avantage d’être dénué de toute forme tarabiscotée : Un bon point pour l’Espagnole (ou la Catalane suivant votre sentiment du moment).
Bonne surprise aussi avec la présence d’une roue de secours, certes c’est une galette mais c’est une roue de secours quand même, qui aura au moins l’insigne honneur de vous dépanner en pleine nuit au milieu de nulle part, j’ai toujours eu le plus profond mépris pour les commerciaux qui vous certifient que « la cinquième roue est devenue inutile puisqu’on ne crève plus ». Qu’ils viennent me voir : J’ai crevé deux fois l’an dernier et une bombe n’est pas adaptée en cas d’éclatement ou de déchirure des flancs du pneu, alors qu’ils cessent de raconter n’importe quoi ce sera un bien pour tout le monde.
Cerise sur le gâteau le subwoofer est intégré à la roue de secours ! Rassurez-vous il se retire en cas de besoin…
Très bon point pour les deux sièges avant, non seulement on y est bien mais leur réglage en longueur est assez étonnant : Impossible de ne pas trouver sa place à bord. On sera moins satisfait de la banquette arrière. Non seulement la largeur est insuffisante pour trois adultes, mais l’accès n’est pas des meilleurs, et vous aurez du mal à faire entrer vos pieds sans frotter sur les garnitures si vos godillots ont une pointure supérieure au 40 fillette.
La banquette arrière ne permet pas à trois adultes d’y voyager à l’aise, de plus l’accès n’est pas des meilleurs.
C’est donc sur une note globalement très positive que je vais déjeuner, malheureusement cela ne va pas durer. Installé en début d’après-midi aux commandes du même Arona propulsé (si l’on peux dire…) par le 1.6 litre TDi de 95cv, je comprends vite que si l’emballage est le même l’agrément ne sera plus au rendez-vous.
Le TDi de 95cv ? Une grosse déception !
Et si la TSI est un modèle de discrétion la TDi vous apprendra avec force que son moteur est un Diesel, pas besoin de consulter la fiche technique d’ailleurs : Mais que de bruit ! C’en est même assourdissant passé 2500 tours, un régime que l’on franchit souvent tellement les relances sont laborieuses.
Imaginer franchir un virage serré en côte sans rétrograder en seconde n’est même pas envisageable, la troisième mouline complètement et vous en fait sortir à 15 km/h sans la moindre possibilité de relance digne de ce nom.
Il faut reconnaître qu’avec 95cv Din pour 1300 kg je n’allais pas espérer de miracle non plus, mais j’ai le sentiment que la boite 5 est mal étagée, et laisse un « trou » entre une seconde courte et une troisième plutôt longue, sans doute qu’une boite 6 aux rapports plus rapprochés aurait été un plus indéniable pour cette mécanique, et aurait rendu la conduite de cette Arona TDi un tantinet plus agréable.
Un moteur peu emballant bien emballé dans son compartiment.
C’est bien simple la seule chose que je retiendrais de cet essai sera le maniement permanent du levier de vitesses, certes précis mais un peu plus « caoutchouteux » que celui de la TSI. Malgré tout la sobriété est au rendez-vous, et il doit être possible de passer facilement sous la barre des 4,5 litres aux 100 en conduite tranquille sur le plat.
La finition Xcellence n’a pas à rougir de la concurrence : elle est identique à l’Ibiza, c’est à dire que l’essentiel s’y trouve et même le superflu : Ici aussi on peux choisir son mode de conduite, y compris la fonction « Sport » d’ailleurs, mais avec une mécanique aussi désagréable je n’ai pu m’empêcher d’esquisser un sourire…
Le rappel de couleur de la carrosserie qui court sur la planche de bord est une bonne chose…
… A la fois il éclaire l’habitacle mais aussi donne une jolie touche d’originalité à l’auto.
Histoire de nous faire comprendre que cette voiture n’est de toute façon pas là pour la compétition mais plutôt pour une utilisation besogneuse au quotidien on nous a même gratifié de freins à tambours sur les roues arrières, certes cela freine bien (et même très bien avec une endurance correcte) mais à notre époque SEAT aurait pu faire un effort et passer toute la gamme sur quatre disques histoire d’entrer dans le second millénaire de plain-pied.
Je ne me lasse pas du traitement latéral de l’Arona : Encore plus joli en vrai qu’en photo !
Bref l’Arona distille à la fois le chaud et le froid, agréable avec son 150cv malgré un intérieur trop sombre il devient un vrai pensum avec son « poële à mazout » malgré une ambiance à bord plus sympathique, finition Xcellence oblige. Mais soyons juste et objectif !
L’Arona est dans les canons du moment et SEAT n’a pas raté son coup, tout le monde n’est pas un acharné du chronomètre sur la route et même le TDi de 95cv saura satisfaire une clientèle peu exigeante qui recherche avant tout un « déplaçoir » pour emmener la marmaille à l’école à travers des routes départementales sans réelles difficultés, et les aides à la conduite tant qu’à la manœuvre combleront d’aise les mamans les plus allergiques à la conduite.
Pour les autres, montagnards ou autoroutiers, il reste les motorisations essence et surtout le futur TDi de 115cv en boite 6 hélas pas essayé mais qui devrait, j’en suis certain, effacer les lacunes du 95cv.
L’Arona est aussi disponible avec un panachage de couleurs…
…68 combinaisons différentes, largement de quoi vous satisfaire.
ARONA TSI 150 FR
J’ai apprécié :
– La ligne générale de la voiture
– L’équipement pléthorique
– Le confort
– Les performances largement suffisantes
– Le silence à bord
– Le coffre vraiment vaste
J’ai regretté :
– L’ambiance intérieure bien trop sombre
– La monte pneumatique en 18″ et taille basse inadaptée hors-bitume
– Les places arrières trop juste et peu accessibles
– Les sorties d’échappement factices
Arona 1.6 litre TDi 95cv Xcellence
J’ai apprécié :
– L’ambiance intérieure plus claire et agréable
-La sobriété du moteur
– Le niveau d’équipement
J’ai regretté :
– Le moteur poussif et beaucoup trop bruyant !
– Les performances en berne
– Les tambours à l’arrière
Les meilleures choses ont toujours une fin et il faut bien se décider à rentrer, le chemin est long et j’ai un compte-rendu à fournir à mes lecteurs alors ne traînons pas…
Aplusse !
Jensen.