Essais

VolksWagen Passat GTE SW : Voyage en « Business Class »

Passat GTE : une berline silencieuse mais pas anonyme

Quoi de mieux qu’un petit road-trip des familles pour tester pleinement une auto en toute circonstance. Embarqué par la caravane VolksWagen à bord de la Passat GTE SW, c’est un voyage de l’enfer du dédale parisien vers la quiétude des falaises normandes qui me tendait les bras. De quoi mettre à l’épreuve les aptitudes du break aux ambitions écologiques.

Seuls au monde, les falaises normandes comme seule compagnie

Subtil renouveau pour son demi-centenaire

Effectivement, le temps passe vite. Le fer de lance de la marque allemande sur le segment des berlines frôle déjà la cinquantaine. Jamais extravagante, ça n’a jamais vraiment été la politique de la maison, la Passat B8 s’offre un coup de crayon pour gagner en sérieux. Malgré une présence sur nos routes qui semble anonyme, c’est à l’aube des 30 millions d’exemplaires écoulés – soit près de deux milles par jour depuis 1973 ! – que la Passat a sauté le pas de l’électrification. La GTE représentant 12% de la totalité des ventes, elle devient une option sérieuse pour cette berline qui est destinée aux deux-tiers à une clientèle professionnelle. Peut-elle se targuer d’être le meilleur compromis pour son marché au spectre large ? Laissez-moi vous en dire plus.

Passat GTE : une vraie alternative ?

Update design : Le petit plus qui fait la différence

Pour ce second cru de la 8ème génération, la Passat s’égaie ingénieusement en face avant. Premièrement, la large calandre s’habille désormais de projecteurs LED disposant en option de la technologie IQ Light Matrix LED.

Le regard souligné par les lignes chromées en impose

Les nouveaux feux diurnes, disponibles en forme ce C sous certaines finitions, sont du même acabit. A titre de comparaison, j’ai pu confronter la GTE à son homologue R-Line, qui elle fait l’impasse sur la figure de style citée précédemment.

La R-Line est moins extravagante avec ses feux diurnes « standards »

Quoiqu’il en soit, la partie inférieure du bouclier a gagné en affirmation grâce aux inserts laqués encadrant les feux diurnes à chaque extrémité. Partie à qui il a été concédée une taille d’ouïes plus généreuse, profitant au dynamisme visuel.

Personnalisation : libre court à votre imagination sur les jantes et la couleur

Les flancs se trouvent quant à eux surlignés d’un monogramme, signe extérieur de la finition arborée. Là où votre future Passat pourra se démarquer, c’est sur le choix des jantes. C’est une véritable pléiade qui s’offre à vous. Quatorze dessins différents répartis du 17 au 19 pouces. Rien que ça. Ne vous battez, il y en aura pour tout le monde !

Les robes vont du tout au tout : de l’austère Gris Manganèse au fringant Bleu Lapiz

Enfin, pour ce qui est de l’arrière, c’est un peu le jeu des 7 différences. Les feux s’harmonisent avec ceux de la gamme. La logo Passat s’affiche désormais en toutes lettres sur le hayon alors que disparaissent les dénominations moteurs. Et le nouveau diffuseur arbore fièrement deux sorties d’échappement chromées en milieu de gamme.

Même si je ne suis pas objectif, je dois avouer que ce break confirme mon appétence pour ce design, comparé aux SUV trop « mas-tu-vu ». Un style qui ne souffre plus de l’effet sac-à-dos depuis une dizaine d’années, nous permettant de profiter pleinement d’une auto pratique mais aussi résolument séduisante.

Une ligne tirée d’un trait entre la proue et la poupe : pas de faute de style

Agrément intérieur : A l’Ouest rien de nouveau

Je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas été ébranlé par la quantité « faramineuse » de modifications qui m’a sauté au visage.

Je vais la faire bref, la planche de bord reste la même, seule la technologie s’enrichie. Circulez il n’y a rien à voir !

Le volant au cuir agréable a la bonne idée d’être désormais capacitif, un des éléments améliorant l’interface homme-machine et la rendant plus intuitive. Cerceau qui se pare d’inserts colorés spécifique à ma version GTE.

Les changements sont tellement rares que le plus important est la disparition de l’horloge au profit d’un logo rétroéclairé Passat

Donc, je le disais, la principale update concerne l’infotainment. Comme à son habitude, notre Passat est dotée du digital cockpit personnalisable à souhait accouplé au nouvel écran central de 9.2 pouces très flatteur. Le système audio et médias baptisé « Discover Media » ou « Discover Pro » selon la finition intègre de série l’App-Connect sans fil.

Légèrement extrême dans mes propos, je vais recentrer. VolksWagen s’est attelé à améliorer son confort d’assise. Et le contrat est rempli. Variant les matériaux en fonction du modèle, l’installation se fait avec le plus grand plaisir. Plaisir maintenu – et le mot est bien chois ! – lors de l’expérience de conduite : aucun risque de glisser en dehors des sièges. Reste à noter que l’espace aux places arrières est généreux, tant au niveau des genoux que du pavillon : une vraie voiture de ministre.

Sur la (longue) route : le tapis volant du VRP

Le premier sourire que nous tire cette Passat, c’est à son ouverture. On connaissait l’ouverture mains-libres, mais maintenant plus besoin de clés. Si votre téléphone est compatible, il peut désormais se substituer au précieux sésame. Bref, je m’installe derrière le volant de cette Passat GTE SW avec au programme 500 kilomètres de routes aux décors divers et variés.

La Passat est sur l’autoroute comme un train sur des rails

Tout d’abord, parlons de mes impressions de conduite sur la première partie du trajet. La Passat GTE chargée à bloc (en terme énergétique et non de masse, même si j’avais bien mangé), j’entreprends de m’extirper du lacis des rues parisiennes. Je ne suis pas du genre à faire durer le suspense, j’attaque directement en mode full-électrique pour voir ce que la motorisation GTE a dans le ventre.

Passat GTE : Promesses électriques tenues ?

Les sensations sont bonnes. En terme d’agrément, le mode électrique forcé avec regénération d’énergie par freinage (ou par frein moteur lors des rares démarrages du bloc thermique sur fortes accélérations) offre un rythme très satisfaisant. Ce silence impose une conduite souple et coulée. L’appréhension des ressentis au volant m’oblige à utiliser avec prudence la pédale du milieu, qui n’est pas mordante comme la plupart des automobiles actuelles (sûrement dû à la récupération d’énergie cinétique). Le défilement des ruelles et feux rouges se fait finalement sans fatigue et sans dépense. Après une dizaine de kilomètres, il est le temps de s’engager sur le boulevard périphérique parisien. Si vous n’êtes pas avide d’accélérations démoniaques, la Passat restera mue par son bloc électrique malgré des vitesses d’une centaine de kilomètres par heure. Somme toute, un très bon point.

Sur le début de mon essai, la Passat GTE semble tenir toutes ses promesses du moment que l’on joue le jeu d’une conduite coulée

Trève de blabla, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Après 52 kilomètres, la Passat GTE a vidé complètement ses batteries et nous a affiché une consommation globale de 0.6L/100kms. Pour une promesse à 55kms en cycle WLTP à mettre en relief avec ma conduite pas orientée autonomie (sans oublier la climatisation en marche), je considère que le contrat est bien rempli !

Economique en ville, mais véritable routière en campagne

A l’assaut du long fil gris autoroutier, on découvre les aptitudes de routière de notre monture. Boîte DSG6 à la manœuvre, le petit 1,4L TSi reste étonnement silencieux. Ce terrain de jeux est également le lieu idéal pour tester les nouvelles aides à la conduite proposées. Elément phare de l’expérience de conduite nommée I.Q. Drive, le Travel Assist se veut un pilote « presque » automatique sur toutes les plages de vitesses : de 0 à 210km/h. Presque car le volant capacitif ne vous laissera pas la liberté d’écarter complètement votre attention de la route. Pour les plus gourmand, VW garde sous le coude une version plus évoluée de sa conduite autonome qui devrait passer les validations en vigueur dans le courant de l’année 2020.

Aux deux-tiers de notre parcours, il est temps de sortir visiter les petites routes de campagnes normandes. Lunettes de soleil sur le nez, batteries rechargées à bloc, mode GTE activé, boîte passée en manuelle, je vais m’amuser un peu avec ce petit sleeper.

Mode GTE : le dynamisme à la sauce électrique

Sur terrain tortueux et accidenté, la Passat collecte les bons points. Sa direction précise bien épaulée par la monture pneumatique Pirelli m’ont fait oublier le poids de l’engin, qui atteint les 1730kg à vide tout de même !  

Second avantage, et non des moindres, le confort de roulage. En effet, quand j’entends « break », je fais souvent la grimace. Voyage seul, voiture non-chargée à l’arrière, je vois d’ici l’appareil photo faire des bons sur la banquette arrière. Ce fameux « effet break » qui a la fâcheuse tendance à avoir une suspension arrière raide comme une planche de chêne centenaire, pour éviter d’être dépassée en amortissement avec un fort chargement. Malgré l’absence de l’option Dynamic Chassis Control d’amortissement piloté à profil de conduite (au tarif de 1200€ pour les intéressés), la suspension se veut souple en compression mais légèrement plus raide en détente. En dépit de ce caractère typé confort, la Passat garde une assiette bien horizontale en attaque franche de virage serré.

Ne vous fiez pas à la photo, la Passat ne tanguerait pas pour tout l’or du monde.

La plateforme accomplissant correctement son devoir, voyons ce qu’il en est de la motorisation. Et pour m’émoustiller, je daigne presser le discret bouton « GTE » sur la console du levier de vitesse. En avant toute !

Mode GTE : la Passat fait des étincelles

A part le logo, ne vous attendez pas à plus d’excentricité à l’écran…

Déjà appréciable en mode standard, la Passat met du cœur à l’ouvrage en mode GTE. Du haut de ses 218 canassons (combinaisons via la DSG6 des 115ch électriques et 156ch thermiques), la berline impressionne. Avec un couple digne d’un V8 atmosphérique, la Passat s’arrache littéralement des petites courbes. Réaction immédiate à la moindre sollicitation de la pédale droite, agilité grâce au couple direction/suspension, on a la banane au volant sans culpabilité écologique. Un des graviers dans le soulier de cette Passat en mode GTE sera le caractère de la DSG, peu incisive et latente au passage des vitesses dans cet atelier « gentleman pressé ».

Finalement, le principal souci serait que ce plaisir n’est pas assez long. En effet, au terme d’une bonne demi-heure à s’amuser du comportement vif de ma monture, la bête finit par avoir soif d’électrons. C’est un peu là que les ennuis commencent. Une fois les batteries vidées, le combat pour les recharger est laborieux. Obligé de fouiller dans l’interface interactive, il faut sélectionner le mode de regénération souhaité. Ajouté au fait que la sélection n’est pas fixe, c’est-à-dire qu’en fonction de votre conduite la voiture va décider sans vous prévenir de changer de mode de regénération, on pleure assez longuement le remplissage des 8 petites barrettes d’énergie. Sans compter qu’il faudra être très doux sur la conduite. Sans ajouter que la consommation va être plus importante. Evidemment, le bloc thermique va transmettre une partie de son énergie au rechargement des batteries.

Faites tourner les éoliennes que je puisse continuer à m’amuser !

Sans dramatiser, vous en avez la preuve en image plus haut, la Passat reste économe. Après 20kms de bouchons parisiens, 90kms d’autoroute, et 40kms de routes en lacets, la GTE avoue une consommation mixte de 7L/100kms. Sur le retour, en restant raisonnable, il est aisé de maintenir le chiffre sous la barre des 6L/100kms. Alors convaincu ?

VW Passat GTE : Solution pragmatique par excellence

Inconditionnel des vieilles autos qui font du bruit et sentent l’essence, je regarde toujours du coin de l’œil les voitures dites « propres ». Mon principal problème étant que ce genre de véhicule ne représente pas, de mon point de vue, une avancée d’un point de vue pollution, puisqu’il s’agit d’une pollution déportée (dans le sens où ce n’est pas le client final qui produit la plus grosse polluante consommée). Ajoutant toujours à cet argumentaire la fameuse rhétorique de l’autonomie. Et bien mon esprit abscons pense dur comme fer que le modèle énergétique de la Passat GTE – i.e. celui de l’hybride rechargeable – reste le plus pragmatique de tous.

Ecologique sur les petits trajets de tous les jours (en remerciant ou suppliant votre patron d’avoir une borne électrique si vous habitez à plus de 40 kilomètres de votre entreprise), elle en reste économe sur longs trajets. Pour résumer : agréable à conduire et sûre niveau comportement châssis, très bien équipée technologiquement parlant grâce à l’expérience I.Q. Drive, pratique au quotidien sans renier le confort et un style visuel sage et sans bavure, cette Passat GTE SW est le parfait daily-drive.

L’hybride rechargeable : un surcoût économiquement viable ?

Malheureusement, il en reste que cette polyvalence à un prix, ici de 51.350€ (dont 3650€ d’options), à vous de voir si l’équation est bonne. Personnellement, je reste dubitatif. La durée de retour sur investissement est-elle valable ? Pour vous faire une idée. Si on considère faire 60kms aller-retour avec le modèle 1.5 TSI R-Line pour aller au travail, il vous faudra 7 années pour rembourser les 7.000€ de différence. Précision faite que les batteries sont garanties 8 années et 160.000kms, ce qui est un bel effort. Est-ce que pour mon quotidien, le jeu en vaut-il la chandelle ? Finalement, seuls les contraintes gouvernementales à venir ou votre propre sens de la responsabilité écologique feront pencher la balance…

Points positifs :

  • Direction Précise
  • Souplesse de la suspension pour un break
  • Economie grâce à la motorisation hybride rechargeable
  • Equipement technologique ultra-fourni

Point négatifs :

  • Toujours un visuel introverti malgré le bel effort
  • Flou de sélection des modes de regénération
  • Un surcoût par rapport au thermique difficile à justifier économiquement
  • Inclinaison de l’écran Digital Cockpit étrange (trop incliné vers le conducteur)