Essais

Expérience : En glisse en Ford Ranger Raptor sur un circuit de terre !


Le Ranger métamorphosé ?

Un pickup sportif. L’idée peut paraître saugrenue (pour ne pas dire autre chose…) de prime abord. Et pourtant, l’espèce rencontre un réel succès, en tout cas de l’autre côté de l’Atlantique, avec pour fer de lance un véhicule dont le nom ne laisse pas de place au doute : le Ford F150 Raptor, lancé en 2009, et décliné en une seconde génération depuis 2017.

Le Ford F150 Raptor de deuxième génération

Mais, avec son gabarit disproportionné (5,86 m de long !), et son V6 3.5 L EcoBoost de 450 ch plutôt porté sur la boisson (c’est le même bloc utilisé par supercar Ford GT), ce F150 Raptor n’est pas vraiment adapté à nos frêles routes Européennes. C’est sans doute pour ça qu’il n’a jamais été officiellement importé chez nous, ce qui n’empêche pas quelques sociétés spécialisées dans l’importation de véhicule U.S de le vendre à titre isolé (et contre un gros chèque !).

Les sorciers de Ford Performance ont donc décidé de se pencher sur le berceau d’un autre pick-up de la gamme, cette fois-ci « bien de chez nous » : le best-seller Ranger, pickup le plus vendu sur le marché Français et Européen. Il reçoit donc depuis quelques mois une version « extrême », recevant elle aussi l’appellation Raptor.

A l’occasion d’une journée « Ford Performance Day » organisée sur le circuit de la Ferté-Gaucher (77), j’ai eu l’opportunité de me glisser à bord de cet engin (hisser serait un terme plus approprié !), pour un galop d’essai sur la piste 4×4. Spoiler alert, je l’ai un peu (beaucoup !) sali…

Une sacrée gueule…

Je vais vous faire une confession : j’ai toujours été fan du look du F150 Raptor. Il faut dire qu’il s’agit d’un engin typiquement Américain dans son esprit : bestial, extravagant, disproportionné, il est disons-le franchement complètement caricatural, et du genre à filer une crise d’urticaire à n’importe quel écologiste en goguette. Sans disposer des dimensions extravagantes de son grand-frère F150, le Ranger Raptor fait bien plus que de la figuration. Pas vraiment fluet à l’origine, il devient carrément « méchant » en version Raptor.

C’est un peu comme si le Ranger avait pris un abonnement intensif dans une salle de sport, supplément protéines inclus : assis plus haut et disposant de voies élargies, il dispose d’une épaisse calandre avec lettrage Ford en toutes lettres, d’un pare-choc spécifique monté sur un cadre indépendant, d’ailes avant élargies en composite, ou encore d’épais marchepieds conçus pour éviter les projections de cailloux. On note aussi la jolie teinte « Bleu Ford Performance ».

Des changements plus discrets à l’intérieur

A l’intérieur, les changements sont plus discrets, avec des sièges plus enveloppants en suédine siglés Raptor, des surpiqûres bleues, et des touches de cuir disséminées dans l’habitacle.

On note aussi les jolies palettes de changement de vitesses disposées derrière le volant (lequel dispose d’un repère rouge en son point milieu), en alliage de magnésium. Si les amateurs de plastiques moussés resteront sur leur faim, l’habitacle semble en revanche parfaitement armé pour résister à des années d’utilisation intensive/abusive. En somme, tout ce qu’on attend d’un bon pickup !

Au volant du Ranger Raptor

Une matinée grise et pluvieuse dans la banlieue parisienne. Avouez qu’on a connu plus affriolant comme cadre. Et pourtant, je peux vous assurer que j’ai passé un excellent moment. La raison ? J’étais au volant du plus méchant des Ranger !

Un gros bébé que j’avais déjà eu l’occasion d’essayer il y a quelques années, en version 2.2 TDCI 150 SuperCab. Je suis donc plutôt bien placé pour vous dire que ce Ranger Raptor est une bête radicalement différente. Pour le comprendre, il faut se pencher sur sa fiche technique.

Une fiche technique sans équivoque…

Le couple moteur/boite déjà : un 2.0 L bi-turbo de 213 ch et 500 Nm de couple, associé à une boite automatique à 10 rapports (la même qu’on retrouve sur la Mustang). Le freinage ensuite : il est assuré par de gros disques ventilés à l’avant et à l’arrière, et des étriers à deux pistons à l’avant, histoire d’arrêter efficacement les 1.873 kg de l’engin. Les pneus sont eux aussi spécifiques : il s’agit de BF Goodrich en 285/70 R17, spécialement conçus pour le Raptor. Mais c’est les suspensions qui bénéficient de la plus grosse préparation. Signés Fox Racing Shox, les amortisseurs du Raptor ont d’abord été développés pour la course, et ils disposent d’une technologie « Position Sensitive Damping », qui permet d’ajuster la pression de gaz qu’ils contiennent en fonction des conditions rencontrées.

Un test de torture ? Non, une simple promenade de santé pour le Ranger Raptor !

La piste franchissement en Ranger Raptor

Je débute mon essai sur la piste franchissement de la Ferté-Gaucher. Croisement de ponts, montées et descentes abruptes (un bonheur le système hill descent control, qui freine à votre place en descente), devers prononcés (…), le tout agrémenté de conditions d’adhérence précaires (terre option glaise) : rien ne semble en mesure d’arrêter ce Ranger Raptor !

Admirez la plaque de protection en aluminium qui protège les organes mécaniques

Hormis ses marche-pieds un peu trop proéminents en off-road (ça touche parfois, notamment en croisement de ponts), le pickup Ford se montre en effet impérial en toutes circonstances, renvoyant une sensation de facilité ahurissante. Mais le plus impressionnant, c’est à quel point il reste confortable en toutes circonstances, même en franchissement dur, alors que n’importe lequel de ses concurrents vous secouerait comme un prunier dans le même exercice ! Le bloc bi-turbo ne gâche rien, puisqu’il offre une réserve de couple qui semble inépuisable, et qui permet de ne jamais se retrouver « tanké » en fâcheuse posture.

Votre serviteur en pleine concentration

Conçu pour être un engin résolument versatile, le Ranger Raptor offre donc plusieurs modes de conduite (six au total), dont je vous épargnerai la liste (retenez juste que toutes les conditions de route ont été prévues).

Le Ranger Raptor sur la piste rapide en terre

Place maintenant au plat de résistance de la matinée : la piste rapide en terre, comprenant sauts, bankings, passages étroits et grosses marres de boue. Heureuse coïncidence, le Ranger Raptor dispose justement d’un mode spécialement adapté à ce type d’utilisation : le mode Baja.

En mode Baja, le Raptor devient plus joueur, s’autorisant de jolies dérives des roues arrières, aussi belles à photographier que faciles à rattraper. La sonorité du diesel bi-turbo est soulignée par un système de sound-symposing, et les amortisseurs Fox digèrent comme jamais les bosses (et même les petits sauts !). Se recouvrant toujours plus de boue, « mon » Raptor est décidément un engin qui prend tout son relief quand on le brusque.

Ce n’est qu’en abandonnant préalablement une bonne partie de nos scrupules qu’on peut vraiment profiter des capacités de l’engin, et découvrir par la même occasion que la sportivité, ce n’est pas que sur l’asphalte.

Conclusion : Prêt pour le rallye-raid !

Je finis cette matinée pluvieuse les chaussures certes recouvertes de boue, mais en arborant un grand sourire. Si ce Ford Ranger Raptor vous voudra le regard désapprobateur de certains esprits chagrins, les 56.550 Euros réclamés pas Ford (tout équipé, et hors malus éco…) paraissent finalement raisonnables pour un engin qui n’a pas besoin de grand chose de plus pour s’inscrire au départ d’un rallye-raid