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Physionomie du marché automobile d’occasion en 2019

L’automobile fait partie du paysage français. Pourtant, elle n’a grosso-modo qu’un bon siècle d’existence industrielle. Indépassable horizon des générations de l’après-guerre, la voiture ne cesse d’être nécessaire pour la très grande majorité des Français, alors même que l’on semble faire moins attention à elle, en raison de l’irruption sur les marchés des sociétés de consommation de biens technologiques d’un nouveau genre : ordinateurs, smartphones, drones, etc. Au gré des nouvelles inventions, des perfectionnements technologiques, du remaniement de la concurrence et des contextes socio-économiques, le marché de l’automobile a ainsi subi en France d’importants changements au cours de ces dernières décennies.

L’occasion : un marché gigantesque

À une certaine époque, acquérir une voiture neuve était un must. Si c’est toujours le cas aujourd’hui, ça ne l’est que dans une moindre mesure. Les prix peuvent être très élevés pour un achat neuf, surtout pour des modèles riches en confort et en luxe, restant généralement l’apanage des élites urbaines et périurbaines des pays riches. C’est dans ce contexte d’inflation des équipements, options et prix que certaines marques « low-cost » ont su tirer leur épingle du jeu, à l’instar de Dacia. Il est vrai que la possession roumaine de la marque au losange affiche en neuf des prix inférieurs à ceux de nombreux modèles d’occasion, par rapport aux marques allemandes notamment. Et le tout avec des pièces éprouvées par Renault par le passé, et sans trop d’électronique, ce qui diminue la plupart du temps les coûts d’entretien sur le long terme tout en augmentant la durée de vie du véhicule.

Toutefois, le phénomène Dacia en neuf ne suffit pas à endiguer le succès du marché automobile d’occasion en France. Tout au contraire, il ne devrait contribuer qu’à l’amplifier, avec l’arrivée massive de voitures Dacia d’occasion dans les concessions et sur Internet. Aujourd’hui, de nombreux portails numériques se sont spécialisés, avec force réussite, dans la voiture d’occasion. C’est un segment ayant permis la création et l’épanouissement de plusieurs start-up et (futures) licornes. Le Marché rommun associé à l’Union européenne est en outre une aubaine pour les mandataires et revendeurs souhaitant proposer les meilleurs prix possibles..

En 2018, c’étaient plus de 32 millions de voitures particulières (hors véhicules de collection) qui circulaient en France. En 2017, il y avait eu 5 639 595 transactions d’occasion (c’est un record historique, la hausse étant continue depuis 2013, la crise ayant à peine endigué le marché), contre 2 079 515 immatriculations neuves (lesquelles n’ont jamais dépassé les 2 269 011 achats, en 2009 – avant que n’éclate la crise dans l’Hexagone).

L’occasion : un choix de conviction ou de dépit ?

Il n’y a pas photo : l’occasion l’emporte très largement, les Français n’ayant pas forcément les moyens d’acheter neuf, ni d’ailleurs la volonté quand on sait qu’une voiture neuve sortant de concession subit aussitôt une décote proche des 20 %. Il n’est donc guère nécessaire d’être expert-comptable pour comprendre que, dans ce contexte, il vaut mieux acquérir un véhicule âgé de deux ou quatre ans, plutôt qu’une voiture neuve avec laquelle on sera presque toujours perdant, financièrement parlant.

Cependant, il est vrai que les efforts publicitaires des grandes marques automobiles continuent d’entretenir dans l’imaginaire de nombreux automobilistes français un véritable fantasme – ou complexe – vis-à-vis du « neuf ». Ceux n’ayant pas les moyens d’y accéder directement sont alors très susceptibles de recourir à des solutions de LLD (location de longue durée) ou de LOA (location avec option d’achat). Mais le coût de l’opération est là aussi élevé, et il n’est pas très éloigné des mensualités induites par tout endettement en vue d’acheter un véhicule neuf.

L’occasion apparaît alors comme étant la solution idéale, surtout si l’on considère avant tout le côté pratique et utile de la voiture. De plus, si les derniers modèles redoublent de prouesses électroniques et technologiques, ils coûtent fort cher en entretien, et leur fiabilité n’est pas encore éprouvée par le temps, loin s’en faut. Dès lors, beaucoup de Français, surtout dans les campagnes, éprouvent une répulsion de plus en plus marquée à l’encontre de l’électronique qui tend à être omniprésente au sein des nouveaux modèles. Ils se rabattent alors sur des véhicules plus sobres et plus anciens, naturellement d’occasion. Comment le leur reprocher ?