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Essai : Abarth 124 GT, le scorpion pique t’il encore ?!

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Abarth 124 GT : Roadster, supplément carbone et Scorpion

Abarth. Ce nom est bien connu des amateurs d’autos Italiennes au caractère bien trempé. Fondée en 1949 par Carlo Abarth et Armando Scagliarino, la marque Italienne n’a pas choisi son emblème par hasard.

Placée sous le signe zodiacal du scorpion, Abarth a en effet toujours signé des autos fortes en gueule. Ces dernières années, la gamme s’est essentiellement axée autour de la 500/595 (relire mon essai de la 595 Compétizione), avant d’être plus récemment complétée par la 124, sur base de la Fiat du même nom (relire l’essai de la Fiat 124 par Philippe). Cette dernière est elle-même étroitement dérivée de la dernière génération de Mazda MX-5 (relire mon essai de la MX-5 1.5 L en Forêt Noire). Vous me suivez toujours ?

Fan inconditionnel de roadsters, et plus particulièrement de la Miata, il me tardait de prendre le volant de cette Abarth 124. Il faut dire qu’elle a sur le papier tout pour plaire : une -excellente- base réunissant les meilleurs ingrédients (propulsion, répartition des masses parfaite, centre de gravité très bas…), qu’elle saupoudre d’une bonne dose d’excentricité à l’Italienne. Pour faire un parallèle culinaire, c’est un peu comme si vous cuisiniez vos gyozas avec de la sauce arrabbiata ! Trêve de bavardage, voici mon avis sur le roadster au scorpion, que j’ai pu essayer dans la version qui vient coiffer la gamme 124 : la tout récente GT.

Présentation

Malgré sa discrète robe grise, la silhouette de « ma » 124 GT ne laisse aucun doute quant à sa vocation sportive. Avec son profil compact marqué par un long capot et un habitacle « collé » au train arrière, l’auto semble prête à bondir.

Très évocatrice, l’Abarth 124 rajoute la dose de piment qui manque à la très élégante (mais un peu timide) Fiat du même nom. Boucliers avant et arrière spécifiques, diffuseur arrière, quadruple (!) sortie d’échappement (double sur la version de base), capot et malle arrière peints en noir (si on le souhaite) : le scorpion a clairement piqué le roadster italo-japonais, qui plus est dans cette nouvelle version GT !

Cette dernière se distingue par son hard-top entièrement en fibre de carbone, de très belles jantes ultra-légères signés OZ (-3 kg par rapport aux jantes standard), et des coques de rétroviseurs peintes en gris (en option le client peut opter pour du rouge, et même pour des pièces en carbone). Le couvre-chef en dur ne pèse que 16 kg, et dispose même d’un système de dégivrage. En revanche, et contrairement à ce qu’affirme Abarth, sa manipulation demande de la patience (surtout au premier démontage), et une bonne dose de doigté (un peu d’outillage aussi). Point positif, la capote en toile prend toujours place derrière les sièges avant, ce qui permet d’augmenter la versatilité de l’auto : cabriolet l’été, et coupé l’hiver !

L’habitacle, évidemment très proche de celui de la MX-5, reçoit tout de même quelques éléments spécifiques : instrumentation spécifique avec compte-tours sur fond rouge, volant avec point milieu de la même couleur, touches d’alcantara ça et là, ou encore de superbes sièges sport.

La qualité perçue est honorable (merci l’alcantara), les assemblages inspirent le sérieux, mais les aspects pratiques sont très réduits : pas de boite à gant, et rangements globalement trop peu nombreux. Des points qu’elle partage avec la MX-5, tout comme le coffre, au volume limité (140 litres). A vrai dire, ces points ne sont pas forcément primordiaux s’agissant d’un roadster, par essence dédié au plaisir de conduite, et dépourvu de toute connotation utilitariste.

Sur la route

Produite à Hiroshima (Japon), sur les chaînes de la MX-5, l’Abarth 124 est ensuite expédiée dans les ateliers du constructeur Italien, pour la pose des éléments esthétiques et mécaniques spécifiques. A ce sujet, elle reçoit d’office un différentiel autobloquant mécanique, mais aussi des amortisseurs Bilstein, des freins Brembo, des grosses barres anti-roulis, et un échappement Record Monza (à partir de la version Turismo).

Sous le capot prend place un quatre cylindres 1.4 L MultiAir de 170 ch/250 Nm, implanté en position longitudinale, qui peut être associé à deux transmissions : une BVM6, ou une BVA6. Pour mon plus grand plaisir, ma version d’essai était équipée de la transmission manuelle, tirée de la banque d’organe de Mazda.

Si la puissance n’est pas démentielle, le poids contenu de la 124 GT (1.060 kg) permet à l’auto d’afficher de jolies performances : 0 à 100 km/h en 6,8 secondes, et 232 km/h en vitesse de pointe.

Un poids réduit, des performances intéressantes, une architecture dédiée au plaisir de conduite : cette 124 GT est-elle à la hauteur des attentes qu’elle génère ? La réponse est oui. Oh put** que oui !

Le roadster au scorpion est tout simplement jouissif. La position de conduite est parfaite, les jambes allongées, et les fesses reposant à seulement quelques centimètres du sol (pas loin d’ailleurs du train arrière !), ce qui permet de ressentir au plus près la route. La route, vous la ressentez également au travers du petit volant, qui est un monstre de feedback, puisqu’il retranscrit jusqu’au grain du macadam. Cette direction, associée au train avant à double triangulation, permet de placer la 124 GT au millimètre près.

Les liaisons au sol sont au diapason. Les amortisseurs Bilstein, qui ont le bon goût d’offrir une souplesse appréciable sur les irrégularités de la chaussée, jugulent très bien les mouvements de caisse, sans pour autant « verrouiller » complètement le comportement de l’auto. D’ailleurs, la 124 GT est étonnamment confortable pour une auto recevant le logo Abarth (mon dos se souvient encore de l’essai de la 595 Competizione…). Propulsion oblige, le comportement est ludique (c’est même un euphémisme !), et il est ainsi facile de « jouer » avec le train arrière, qui déboite à l’envie, mais de façon toujours progressive. On sent ici la répartition des masses aux petits oignons (50/50) ! Pas de cirages intempestifs  à l’accélération (merci le différentiel), et le freinage est puissant et endurant (merci le freinage signé Brembo). Vous l’aurez compris, et sans pour autant devenir radicale, l’auto est bien plus affûtée que la Fiat 124 qui lui sert de base.

A défaut d’être un monstre de puissance, son 1.4 L MultiAir livre une bonne copie. Grimpant assez haut dans le compte-tours (jusqu’à environ 6.500 tr/min), son comportement se rapproche un peu d’un moteur athmosphérique, puisqu’il se montre assez linéaire pour un moteur turbo. La poussée qu’il offre est appréciable, à défaut d’être ébouriffante. Mais tout ceci est bien anecdotique face à la sonorité provenant de l’échappement Record Monza. Très expressif, ce dernier émet un son rauque et profond à l’accélération, et tempète à chaque décélération, se livrant alors à un concerto de détonations et autres borborygmes.Impressionnant, surtout pour un « banal » quatre cylindres ! En enclenchant le mode sport, la 124 GT donne le meilleur d’elle-même : le couple grimpe de 20 Nm, les commandes sont raffermies, l’échappement se libère encore plus, et les béquilles électroniques sont plus permissives. Un conseil : restez sur ce mode !

Un dernier (gros) point fort de l’auto : sa boîte mécanique. C’est simple, elle figure parmi les toutes meilleures du marché (comme la MX-5). Du type « short-shift », cette dernière se démarque par un maniement et un guidage juste parfaits. Rajoutez un pédalier qui se prête très bien au jeu du double débrayage (ou du faux double débrayage pour ma part), et vous obtenez un agrément rare, surtout à l’heure où les boites automatiques/séquentielles tendent à devenir la norme.

Prix, et conclusion

La gamme Abarth 124 est articulée autour de 3 versions : 124 Spider (le modèle « de base »), 124 Turismo, et cette 124 GT, aux tarifs respectifs de 34.500, 37.500, et 40.900 Euros. A titre de comparaison, une MX-5 RF 2.0 L 184 ch réclame tout juste 31.000 Euros dans sa finition de base, le toit rigide rétractable électrique en plus, mais le côté excentrique de l’Abarth en moins.

Pour conclure, il est évident que cette 124 GT monnaye son exclusivité. Ses éléments spécifiques, dont son superbe (mais peu pratique) hard-top en carbone sont dignes d’intérêt, mais chèrement payés. Hormis cette question budgétaire, je n’ai clairement pas grand chose à lui reprocher. Evidemment, c’est une voiture d’égoïste (et d’esthète), sans parler de son échappement, sans doute un peu trop bruyant pour le commun des mortels. Mais quand on aborde la question du plaisir, elle se pose au firmament de la catégorie des roadster, et même au firmament tout court. La preuve : je n’ai jamais éprouvé autant de peine en rendant un véhicule… Pas de doute, le scorpion m’a piqué !

Un grand merci à mon ami Quentin Boullier, auteur des magnifiques clichés de cet article.