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Essai : Abarth 595 Competizione 180 ch : Scorpion enragé!


Née sous le signe du Scorpion

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Impossible de se pencher sur la dernière bombinette made in Abarth sans aborder le destin hors du commun du fondateur de la marque : le mythique Carlo Abarth. Un personnage presque aussi turbulent et haut en couleur que ses autos!

Deux destins liés : Carlo Abarth, et la Fiat 500

Né à Vienne en 1908 sous le signe astrologique du scorpion, celui qui s’appelle encore Karl Abarth commence sa carrière en préparant des motos de course pour la firme Motor Thun.

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Karl Abarth

Un jour, profitant de l’absence d’un pilote, il enfourche une moto sur laquelle il travaillait, et signe deux meilleurs temps de piste. Développant un véritable goût pour la course, il rachète alors une moto d’occasion, qu’il dépouille le plus possible, afin d’améliorer ses performances. Les évènements s’enchaînent très vite : il remporte sa première course en 1929, et signe un an plus tard la première moto à porter son nom. Après plusieurs titres de champion, il décide d’arrêter en 1930 la course de moto à la suite d’un accident. Cela n’entame pas pour autant sa motivation, puisqu’il fabrique un side-car avec lequel il réussira à battre en 1933 le mythique Orient Express!

Après la Seconde Guerre Mondiale, il acquiert la nationalité italienne, et change son prénom en Carlo. Il devient dans les années suivantes le représentant italien du studio Porsche design, et s’associe avec le mythique pilote Tazio Nuvolari et l’industriel Piero Dusio, afin de fonder la Compagnia Industriale Sportiva Italia (aussi appelée Cisitalia), qui enfantera de la superbe Tipo 360 F1, commanditée par Porsche.

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La Cisitalia Tipo 360, très novatrice pour l’époque : 4 roues motrices, moteur bi-turbo de plus de 300 ch

Il fonde finalement la Abarth & C. Company en 1949, et choisi comme logo son signe astrologique : le Scorpion. La marque se forge alors une solide réputation grâce à un système d’échappement sport révolutionnaire, baptisé « marmitta », qui équipera de nombreuses marques prestigieuses, de Ferrari à Maserati, en passant par Alfa Roméo.

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Carlo Abarth et son célèbre échappement sport, baptisé « marmitta »

Au lancement le 4 juillet 1957 de la Nuova Fiat 500, Abarth a une idée de génie : proposer un kit permettant de gonfler la petite mécanique du fameux « pot de yaourt ». Commercialisé au salon de Turin la même année, ce kit connait un succès immédiat, et permet à la petite italienne de signer plusieurs records sur l’Autodrome de Monza. Quelques années plus tard, la marque commercialise en 1963 une voiture complète : l’Abarth 595.

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L’Abarth 595

Aujourd’hui, l’idylle entre la 500 et la marque au Scorpion (tombée dans le giron de Fiat en 1971) se poursuit. Profitant du restylage de la petite citadine opéré il y a maintenant un an, Abarth dévoile une version rafraichie de sa 595.

La gamme 595 se décline autour de trois modèles : la 595 « classique », qui développe 145 ch; la 595 Turismo de 165 ch, qui se targue d’offrir le meilleur compromis performances/polyvalence de la gamme; et la 595 Competizione, culminant à 180 ch, et qui est logiquement la plus radicale des trois.

C’est cette dernière que nous avons pu essayer sur les superbes routes du rallye du Var. Une auto haute en couleur, comme vous le verrez…

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L’Abarth 595 Competizione

Présentation : Le pot de Yaourt sauce Tabasco!

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Après 8 années de carrière, l’Abarth 595 profite de cet été 2016 pour se refaire une beauté. Si l’auto conserve sa bouille ronde irrésistible, elle profite de ce restylage pour muscler ostensiblement sa silhouette.

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L’évolution la plus spectaculaire concerne son nouveau bouclier avant. Non content d’être beaucoup plus suggestif que son prédécesseur, ce dernier améliore également le refroidissement de l’auto. On note également l’apparition de nouveaux projecteurs (au Xénon sur la version Competizione), et de la signature lumineuse inaugurée sur la Fiat 500 l’été dernier.

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Le bouclier reçoit en partie basse une calandre en nid d’abeille, avec une inscription « ABARTH » en relief. Un détail qui nous a beaucoup plu!

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Avec ses bas de caisse suggestifs, ses stickers et ses badges latéraux Abarth, la 595 Competizione fait vite oublier sa taille de puce : l’auto ne mesure que 3,66 m de longueur!

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Equipée du Pack Performance, notre 595 Competizione ne laisse planer aucun doute quant à sa vocation sportive. Ce pack comprend de superbes jantes Supersport Noir Mat, mais aussi un kit esthétique qui permet de changer la couleur de divers éléments (inserts des boucliers avant et arrière, des coques de rétroviseurs et des stickers latéraux), et un plus anecdotique bouchon de toit en aluminium (qui remplace l’antenne).

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Mais c’est à l’arrière que l’auto se veut la plus spectaculaire. Reprenant le becquet de toit et le bouclier percé d’un large diffuseur des autres 595, la Competizione double la mise avec un très suggestif échappement Record Monza à 4 sorties! Rajoutez à ce cocktail détonnant une couleur bien flashy comme ce superbe « Jaune Modena », et vous obtenez une auto qui obtient un nombre impressionnant de regards et de pouces levés!

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Cette exubérance est un peu plus tempérée à l’intérieur. Exit en effet les inserts couleur carrosserie de la Fiat 500, et place ici à du gris mat, plus triste, mais aussi plus sportif. De nombreux éléments se convertissent à l’aluminium : pédalier, seuils de porte, et pommeau de levier de vitesse. L’inédit volant marie avec brio cuir, alcantara, et même fibre de carbone! Les plastiques restent uniformément durs, mais l’ensemble présente quand même plutôt bien, hormis les petits afficheurs de la climatisation automatique, franchement dépassés (mais on chipote…).

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Pack Performance oblige, notre 595 s’équipe de sièges baquets Sabelt en cuir et alcantara, avec coque en fibre de carbone.

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Sur la route : La joie de vivre incarnée

Avant de se lancer à l’assaut des routes sinueuses du Var, attardons-nous quelques instants sur la fiche technique de l’auto. Animée par le bien-connu 1,4 L T-Jet, la 595 Competizione reçoit un gros turbo Garrett GT 1446, avec à la clé 180 ch et 250 Nm.

Il est accouplé à une boîte manuelle à 5 rapports (une boîte séquentielle est disponible en supplément, mais on vous la déconseille, tant elle offre des prestations contraires à ce qu’on attend d’une sportive).

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Dès les premiers mètres à son volant, c’est la sonorité du 4 cylindres qui surprend le plus. Mode Sport enclenché, l’auto flatte les tympans avec son bruit profond et caverneux, ses borborygmes, et le soufflement de son turbo. Pour un peu, l’expérience sonore offerte par cette 595 Competizione aurait presque de quoi rendre jaloux Dark Vador!

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Les performances sont explosives pour une si petite auto : elle passe de 0 à 100 km/h en 6,7 secondes, et atteint 225 km/h en vitesse de pointe! Pas de doute, avec cette version Competizione, la 595 vient chasser sur les terres d’autos bien plus puissantes! On peste en revanche contre le moteur qui régule de façon un peu brutale vers les 6.000 tr/min, sans signe avant-coureur, et contre la boite manuelle, qui offre des verrouillages qui manquent de précision en conduite sportive.

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Pas de quoi bouder notre plaisir, d’autant plus que cette 595 offre une tenue de route très efficace. Ne vous y trompez pas : ses liaisons au sol n’ont plus grand chose à voir avec la sage citadine qu’elle était : amortisseurs Koni à technologie FSD à l’avant et à l’arrière sur cette version Competizione, hauteur de caisse diminuée, voies élargies…

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L’amortissement, ferme mais pas insupportable non plus, rend l’auto particulièrement agréable à jeter d’un virage à un autre, sans qu’on ait à se soucier du roulis ou des mouvements de caisse. L’auto fait d’ailleurs des merveilles sur les routes de col, avec son gabarit compact, et le grip offert par ses pneus Michelin Pilot Sport 3. Avec son freinage puissant (merci les étriers Brembo fixes à 4 pistons!), elle se place idéalement sur les freins en entrée de virage, et l’arrière accepte ensuite d’enrouler gentiment.

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On peut également compter sur le différentiel à glissement limité du Pack Performance (facturé au total 2.650 Euros), qui remplit très bien son rôle, puisqu’il n’a aucun peine à transmettre les 180 bouillants purs-sang italiens au sol. Une fois son mode d’emploi assimilé, il permet par ailleurs de contre-carrer la tendance au sous-virage : un bon coup de godasse dans la pédale de droite, et l’auto resserre sa trajectoire!

En revanche, il n’empêche pas quelques remontées de couple intempestives dans la direction. Ce phénomène, associé à un volant au gabarit trop imposant et qui se raffermit sensiblement en mode Sport, rend la conduite de l’auto assez physique en utilisation sportive. De toute façon, la position de conduite haut perchée et droite offerte par les sièges baquets aura rapidement raison de votre dos!

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Facturée 18.600 Euros pour la version de 145 ch, la nouvelle Abarth 595 grimpe à 22.400 Euros en finition Turismo, et même 25.700 Euros pour la version Competizione. Un tarif salé, qui s’alourdit encore de 2.650 Euros avec le Pack Performance. On se rapproche donc dangereusement des 30.000 Euros, soit peu ou prou le tarif d’une Clio R.S. Trophy, peut-être moins caractérielle, mais aussi plus puissante de 40 ch

Points positifs :

+ Look bodybuildé irrésistible

+ Sonorité caverneuse jouissive

+ Performances explosives

+ Efficacité globale avec le Pack Performance (motricité notamment)

Points négatifs :

– Tarif salé

– Position de conduite trop haute

– Boîte de vitesse manquant de précision

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Bilan : La bonne humeur incarnée!

Ne vous y trompez pas : même si elle est basée sur la Fiat 500, l’Abarth 595 Competizione est une sportive pure et dure, qui vous fera transpirer à grosses gouttes sur les petites routes sinueuses. Si son tarif se révèle particulièrement salé, il est à mettre en adéquation avec le rapport sensations/performances/gabarit absolument unique qu’elle offre dans sa catégorie. Ce bon vieux Carlo pourrait être fier de la dernière création de sa marque…

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