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Test : Le nouveau pneumatique Turanza T005 de Bridgestone soumis à une séance de torture !

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Turanza T005 : Bridgestone met la gomme !

C’est à l’occasion de la Conquête de l’Ouest européen par le géant du pneumatique Bridgestone que nous avons été invités au circuit de l’Ouest Parisien de Dreux. Entre défis techniques modernes et prise de conscience de l’importance du pneumatique dans la liaison au sol, nous sommes allés à la découverte du dernier-né de la marque nippone. Et dire qu’il a les dents longues serait un doux euphémisme…

Bridgestone change de cap et anticipe l’évolution du marché

Avant tout, pour bien commencer, prenons le temps d’étudier avec quelle position Bridgestone passe à l’offensive sur le Vieux Continent. Fort de sa domination mondiale avec ses pneumatiques équipant une voiture sur six, le géant nippon décida en 2014 de focaliser son effort de croissance en Europe.

Mettant à profit ses 700 millions d’euros annuels dans la Recherche et le Développement, Bridgestone a souhaité développer un produit à la hauteur de ses ambitions. Tout d’abord, la marque a organisé en France, son marché le plus établi, une stratégie de rachat des monteurs généralistes de pneumatiques comme Speedy, Firststop et Côté Route. Cette vitrine est un nouveau point d’entrée et de visibilité face aux consommateurs toujours plus nombreux dans l’Hexagone, puisque plus de vingt mille unités siglées du B majuscule sont vendues chaque jour.

Le marché ayant désormais une base solide et un réseau de distribution large, il ne manque plus que de s’installer comme la référence. Par quels moyens ? Bridgestone a pris le pari du développement participatif. En effet, qui mieux que le consommateur sait ce que recherche le consommateur ?

Aspects techniques du Turanza T005 : un pneu développé par et pour le client

Il s’agit donc d’une première dans le monde du pneumatique. Plus de 25.000 utilisateurs ont pu être intégrés au développement de ce nouveau pneumatique. Le but ? Savoir qui est le client, connaître quelles sont ses attentes, répondre aux défis de sa conduite quotidienne. En pleine logique du Lean Management, Bridgestone a purement et simplement intégré ce que l’on appelle l’Approche Processus comme étant le meilleur gage de qualité et de satisfaction client.

Le consommateur : plusieurs profils, une même cible

Bridgestone s’est rendu compte qu’il existait deux types de consommateurs. Le premier aime se démarquer privilégiant l’avis des professionnels et la confiance dans les marques premium pour son choix de pneumatiques. Le second repose sa décision sur son expérience de conducteur, se focalisant sur le contrôle de sa monture. Par conséquent, ses attentes sont structurées par un besoin de sécurité sans rogner sur le plaisir de conduite.

Par sa polyvalence poussée à outrance, le T005 conviendra autant aux friands du pneu premium que ceux du pneu sécuritaire.

Un environnement commercial évolutif

Ses cibles segmentées, le manufacturier connait les attentes émotionnelles de ses clients potentiels. Côté fonctionnel, tout le monde s’accorde sur trois critères primordiaux à l’achat : performance sur sol mouillé, longévité et labelling à la pointe. Ce dernier point est une évolution du monde automobile moderne qui tend vers une écologie toujours plus efficace. En effet, après des années de course au sur-dimensionnement du diamètre comme de la largeur des pneumatiques, l’introduction de l’étiquetage européen de performances écologiques a complètement bouleversé autant le marché que la conception des pneumatiques.

Le pneumatique : dernier maillon de la chaîne de sécurité

Enfin, une fois que ce pneumatique aura répondu aux attentes de la clientèle, il est également attendu au tournant lors d’opérations ponctuelles mais autant périlleuses qu’inattendues. Trois situations ont été identifiées comme mettant à mal le pneumatique, lesquelles permettent de distinguer un bon produit de celui plutôt destiné à brûler lors de manifestations. Les virages serrés ou en conditions humides, le dépassement ainsi que le freinage brusque pour l’évitement d’obstacle sont autant d’enjeux que se doit de gommer le nouveau Turanza T005.

Structure : un pneumatique qui n’a pas de nouveau que le nom !

Inscrit dans un processus de conception produit novateur, l’aspect technique du Turanza T005 n’en est pas moins ! Effectivement, plus rien ne relie le Turanza T005 à son prédécesseur. Voyons cela de plus près et en quoi ces innovations répondent au précédent cahier des charges.

Bande de roulement : pas de compromis entre écologie et adhérence

Qui que nous soyons, la première chose que l’on voit ou qui nous interpelle sur un pneu, c’est le dessin de sa bande de roulement. Ici, le Turanza T005 a fait le parti pris de conserver un profil asymétrique. Cela s’explique par la polyvalence voulue sur ce pneu.  Homologué sur la plupart des premiums allemands, à sa commercialisation 101 dimensions vous seront proposées. Chiffre qui couvrent 77% du marché, sans parler des quelques 48 dimensions qui viendront compléter le tableau en 2019. Comme on vous le disait, le marché évolue. Le labelling identifiant les pneus les moins gourmands a changé le comportement d’achat des consommateurs. En outre, le niveau sonore devient un facteur essentiel. D’autant plus par l’explosion des ventes des véhicules électriques ou hybrides.

Afin de diminuer la consommation, les pneus continuent à augmenter en diamètre. La bande de roulement étant plus longue, l’échauffement n’en est que plus contenu. Par contre, finis les gommards inspirés du sport prototype avec des largeurs faisant pâlir un double décimètre ! En effet, les pneumatiques modernes tendent à devenir plus étroits, pour améliorer la pénétration dans l’air. Cela explique finalement le visuel des roues qui peuvent équiper une BMW i3, roues qui en choquent encore plus d’un.

Le dessin est organisé autour de 4 canaux centraux. Forcément, la multiplication des canaux est là pour améliorer le volume d’eau à extraire sur route détrempée. Par contre, une chose qui m’était totalement inconnue et qui fait la force de ce nouveau pneumatique, c’est que les canaux restent de même largeur sur toute leur profondeur. En effet, cela n’était pas évident dans le milieu jusqu’à aujourd’hui. Ce détail a d’ailleurs son importance, vu que les capacités du T005 resteront identiques tout au long de son cycle de vie.

Enfin, Bridgestone a découvert que de chanfreiner les pavés centraux entre les canaux permettaient de limiter le cintrage de la gomme en virage. Schématiquement, lors d’un virage, la gomme est soumise a des efforts latéraux par glissement sur l’asphalte. Si le bloc a une forme rectangulaire, les arêtes latérales du bloc chercheront à adhérer. Elles vont finir par faire arque bouter la partie centrale du bloc, supprimant par la même occasion son adhérence. En cassant les angles des blocs, la gomme subit une meilleure répartition des efforts et conserve une forme convenable, favorisant une adhérence optimale.

Pour revenir à nos flaques d’eau, les sillons latéraux ont été retravaillés, et disposent d’une forme spécifique. La courbure du dessin induit une meilleure vitesse d’extraction de l’eau, fait particulièrement vrai lors d’une prise d’appui en virage.

Enfin, les épaulements latéraux sont plus nombreux. Cela permet d’avoir plus de nervures pour évacuer l’eau, mais cela implique que les épaulements soient de plus petites tailles, et donc moins liés à la bande de roulement. Pour limiter une dégradation prématurée, une solution a été apportée. Tout d’abord, les épaulements sont reliés sur leurs flancs internes par de petits blocs. Assurant rigidité et cohésion des épaulements, cette idée garantie une meilleure longévité avec usure uniforme, ainsi qu’une surface de contact conservée en sollicitation agressive du pneumatique. Dernier avantage, les blocs entre les épaulements gomment l’usure en facette sur les pneus arrières qui était connue jusqu’ici sur certains pneumatiques. En plus de réduire la durée de vie du produit, cette usure particulière a pour conséquence la création de bruit de roulement néfaste.

Structure et matière : nano-innovations pour maxi-optimisation

Beaucoup d’autres éléments ont été développés pour ce nouveau pneumatique qui se veut inonder le marché européen. Comme le pneumatique c’est d’abord de la gomme, Bridgestone a poussé les recherches, et a réussi à créer une nouvelle matière appelée Nano Protech. Obtenue par un nouvel outil industriel spécialement conçu pour ce pneu, le tout frais mélangeur garantit une meilleure homogénéité de la gomme, et limite par la même occasion l’échauffement interne de la matière. Composé d’une gomme à la silice plus fine, la meilleure répartition des matériaux à la cuisson donne au Turanza T005 un meilleur grip sur sol mouillé, et diminue la consommation de carburant.

La carcasse du pneu n’est pas en reste. Agrémentée de nouveaux matériaux, elle se retrouve rigidifiée par un travail focalisé sur les renforts de tringles. Déformation du pneu contenue, travail des flancs en appui maîtrisé, le Turanza T005 se targue d’avoir un bon rendu de l’effort directionnel lui conférant un caractère « sportif au quotidien ». Mais sans pour autant en avoir les défauts, puisque les ceintures du pneu ont été repensées pour mieux absorber les chocs.

Performances commerciales annoncées

Forcément, Bridgestone n’est pas là pour enfiler des perles. Depuis le début, vous et moi avons bien compris que leur but est de se retrouver au top de tous les comparatifs. Et les tests réalisés par le cabinet allemand TÜV semblent leur donner raison. Un freinage sur mouillé annoncé deux mètres et demi plus court qu’un Michelin Primacy, la meilleure adhérence en virage de sa catégorie, le meilleur labelling combiné consommation/adhérence sur sol mouillé : pas de doute, le Turanza T005 débarque plus qu’affûté, et risque de faire trembler la concurrence !

Dernier sujet qui plaît au consommateur, c’est la garantie d’avoir un pneu qui dure. Même si on ne si attarde pas trop, le pneumatique est un élément de sécurité souvent mal entretenu, car mal considéré. En effet, le meilleur des conseils est de vérifier régulièrement la pression, afin d’éviter toute déformation du pneumatique. De plus, malgré les larmes du porte-monnaie que l’on entend déjà arriver à des kilomètres, un pneumatique ne doit pas rester monté plus de trois années. En effet, la gomme qui vieillit se rigidifie. Elle perd ses facultés élastiques, et donc son adhérence.

Mais comme on n’appâte pas les mouches avec du vinaigre, Bridgestone joue carte sur table. La marque entend rompre avec les habituelles remises toujours plus grandes sur l’achat d’un jeu de pneumatique. Le Turanza T005 s’engage désormais sur la durée comme un constructeur automobile pourrait le faire. Alors que le panel annonce une attente de 30.000kms en termes de longévité attendue, Bridgestone garantit son nouveau pneumatique 40.000kms. Avec ça, impossible que le consommateur ne place pas une confiance immédiate dans le Turanza T005.

Essais sur piste fermée : des performances bluffantes.

Les chiffres, c’est bien. Le ressenti au volant, c’est mieux. Tranchons dans le vif. Bridgestone nous a préparé quatre véhicules de segments différents équipés de Turanza T005 : Mercedes Classe A, Audi Q3, Volkswagen Golf, et Mercedes Classe E. Tout ce beau bon monde apprêté, la piste qui s’ouvre à nous est découpée en plusieurs ateliers sur route humide. Se suivront une large courbe qui referme prise à 70 km/h, un évitement violent à 50 km/h, une tête d’épingle avec arrêt complet pris à 30 km/h, et enfin un freinage d’urgence abordé à 70 km/h. Pas la peine de le préciser, certains passages m’ont fait monter quelques sueurs.

Passage en courbe rapide

Deux principaux intérêts dans ce passage. En fonction de la catégorie du véhicule, on peut tout d’abord découvrir le ressenti à l’attaque du virage. En effet, la plupart des pneus été généralistes ont toujours eu cette tendance aux flancs souples. Principal souci ? Le travail du pneu à l’attaque d’un virage, sans parler du bruit de roulement accru. Vous l’avez sûrement déjà ressentie, cette latence à l’attaque d’un virage. Comme si l’auto mettait une demi-seconde avant de suivre la direction imprimée au volant. Il s’agit en réalité du temps de déplacement de la bande de roulement autour de la jante. Dans le cas du Turanza T005, aucune sensation de ce type n’est à déplorer.

Dans la suite du virage, malgré le poids de la Classe E par exemple, le virage est enroulé sans la moindre difficulté. Malgré l’envie irrépressible de lâcher l’accélérateur, étant dans mes petits souliers, l’instructeur est là pour contrecarrer mon sentiment d’insécurité. Il n’est pas bête, il connait déjà le produit !

Le seul point noir à noter, plutôt dû au type de véhicule, est une dérive sous-vireuse en fin de virage au volant de l’Audi Q3. Entre des jantes plus petites et un centre de gravité plus élevé, la sortie de la courbe s’est faite en penchant bêtement la tête vers l’intérieur sentant le train avant légèrement tirer vers les plots. Plots qui faisaient d’ailleurs refermer le virage pour contraindre le pneumatique sur la fin de l’atelier.

L’évitement d’urgence

Exercice des plus périlleux en soi, il demande une extrême agilité autant au châssis qu’aux pneumatiques. 50 km/h en mire, le premier coup de volant à droite est amorcé sur le sec à hauteur de la première ligne de plots.

A peine l’appui trouvé sur les quatre roues, j’imprime un changement de cap tel un coup de raquette. Cette fois-ci sur sol humide, n’importe quelle des automobiles testées enroule la deuxième rangée de cônes. Droites dans leurs bottes, je m’amuse à suivre aveuglement les consignes du moniteur sans réfléchir une seconde aux risques encourus. Désormais concentré sur le comportement de mes montures, la trajectoire est nette. Le premier changement de direction n’induit aucun sous-virage comme sur-virage. Même le SUV aux quatre anneaux ne bronche pas.

Alors que je pense m’en être tiré, une nouvelle haie orange me saute au visage. A tribord toute ! Même sentence, même punition. Enfin, même urgence, même sauvetage avec les Turanza T005. Là où je m’attendais à trouver un tableau de bord clignotant comme un sapin de Noël, l’ESP n’a même pas jugé la motricité faillible dans cet atelier. En même temps, les pneumatiques assurant une adhérence parfaite, aucune correction ne fût nécessaire.

La tête d’épingle avec arrêt

A peine remis de mes émotions, vitesse supérieure à 30 km/h, j’attaque un demi-tour avec arrêt total en milieu de virage. Les 180 degrés commandés au volant d’un trait, les allemandes s’inscrivent à la limite dans ce demi-tour hasardeux.

Et finalement, quelque-soit ma monture, le moniteur esquisse un sourire : « Alors on a peur ? On pouvait freiner bien plus tard ». Bon, je prends mon courage à deux mains, de toute façon je ne crains rien sur route fermée. Tour suivant : « C’est mieux, mais ce n’est pas encore ça, c’est fou ça de ne pas attendre le dernier moment ! ». Touché à l’orgueil, je suis sûr qu’au prochain tour je lui fais peur. Dernier tour : « On descend pour voir où tu es ? ». J’ai dû me rendre à l’évidence. Même en freinant au moment où je me voyais sur la ligne du STOP, je n’avais pas encore les roues dessus. Pas la peine de faire un dessin, les Turanza T005 ont plus été bridés par ma conduite que par la difficulté de l’exercice…

Le freinage d’urgence

Forcément, le test ultime arrive à la fin du tour. Consigne : « Tu ne réfléchis pas, tu ne penses pas. Quand je te donne le top, tu as une enclume à la place du pied ». Le stress monte d’un coup. La vitesse aussi, pour atteindre 70 km/h. Le décor défile de plus en plus vite. La longue courbe à gauche avalée noyé dans mes pensées, les jets d’eau entourés de cônes se présentent à moi. 70km/h. Pied fébrile sur l’accélérateur. Un œil sur deux de fermé. L’autre fixé sur les plots à 20 mètres. Les mains sont moites. « TOP ! ».

Voiture à l’arrêt, plus un bruit. En effet, j’ai oublié d’appuyer sur l’embrayage ce qui n’est pas une bonne idée sur une boîte manuelle. J’ouvre les yeux pour voir l’état du massacre. Malgré un espace de freinage minuscule, ce mouchoir de poche a suffi à chaque voiture pour s’arrêter à au moins 4 mètres des plots finaux. Même les 1750 kg de la Mercedes Classe E se sont immobilisés sans encombre. J’en arrive presque à lâcher le volant pour juger si le maintien de la direction corrigerait une amorce d’aquaplanning, mais rien n’en fût. Et une nouvelle fois, mes habitudes de conducteur de vieilles automobiles m’ont rattrapé. Il m’a bien fallu trois sessions pour commencer à vraiment appuyer sans relâchement sur la pédale du milieu. L’ultime essai permettant de grappiller non loin de 3 mètres sur les premières tentatives.

Conclusion : un pneumatique qui tient ses promesses

Arrivés à l’issu de l’après-midi, les Bridgestone Turanza T005 nous ont donné du fil à retordre. Et finalement, au lieu de les martyriser comme j’aurai pu l’imaginer, ce sont les pneumatiques qui m’ont permis de repousser mes propres limites.

Répondant parfaitement aux défis du quotidien du citoyen lambda, sautant les obstacles sans être mis en défaut même sur piste détrempée, le nouveau produit du géant nippon s’annonce quasiment imbattable. En plus de ses performances, sa versatilité sur le marché automobile lui promet de devenir une vague qui déferlera sur notre pays. Reste à savoir si le comportement des consommateurs changera, le prix étant le critère à prendre en compte.

Si une réserve serait à émettre, ce serait celle du confort. Non pas que ce pneumatique ne l’est pas, mais nous n’avons tout simplement pas pu l’essayer sur route ouverte. Un asphalte évidemment à des années lumières en termes de qualité de celui du billard de l’Ouest Parisien. Dans tous les cas, je repars l’esprit tourmenté par cet essai. Tout cela m’intrigue. Je garderai cette expérience à l’esprit jusqu’au prochain passage aux stands pour ma fière Youngtimer du quotidien.

Je terminerai par un remerciement aux équipes de Bridgestone et aux moniteurs du circuit de l’Ouest Parisien de Dreux pour cet essai riche d’enseignements. De plus, comment ne pas repartir avec le sourire lorsqu’on me propose de faire un tour dans une GT européenne pour « faire la différence » avec la gamme sportive Potenza de la marque.

Un instant fugace de rêve… Une odeur, un son, des sensations à l’état pur. Turanza, le pneumatique du quotidien. Potenza, le pneumatique du weekend.