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Essai : PGO Cévennes C 1,6L 184 ch : fierté française

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French Pride

S’il est encore vaillant dans d’autres contrées (on pense notamment au Royaume-Uni), l’artisanat automobile semble se réduire à portion congrue dans notre beau pays. Ca serait toutefois oublier la petite bourgade de Saint-Christol-les-Alès, qui fait un peu figure de village d’irréductible gaulois face aux mastodontes Renault/PSA.

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C’est en effet dans cette petite ville Gardoise qu’est basé notre 4ème constructeur national : PGO Automobiles. Fondée par les frères Prévôt (Gilles et Olivier, vous comprenez maintenant d’où vient le nom PGO), cette petite société a commencé par vendre des répliques d’AC Cobra dans les années 80-90.

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Après avoir été rachetée dans le courant des années 90, PGO s’est ensuite lancé dans la production d’une réinterprétation moderne de la Porsche 356. S’il s’agissait au départ d’une réplique de la mythique sportive de Zuffenhausen, PGO a ensuite lancé sa propre auto, librement inspirée de la 356  : la Speedster II, basé sur un châssis tubulaire, et qui disposait à son lancement du 2,0 L de la Peugeot 206 S16.

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La PGO Speedster II

La vie n’a pas été forcément paisible pour le petit artisan français dans les années qui suivirent, avec un procès pour contrefaçon et concurrence déloyale intenté par Porsche (on a connu plus fairplay…). Après une lutte digne de David contre Goliath, la firme française remporta finalement en 2005 le procès en appel.

Pas démonté pour un sou après ces soucis judiciaires, PGO a depuis bien étoffé sa gamme, qui compte aujourd’hui 3 modèles : la Speedster II, l’Héméra, et la Cévennes, cette dernière étant déclinée en version Cabriolet et Coupé (elle est alors dénommée Cévennes C).

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La PGO Cévennes C, dans les ruelles de Troyes

C’est au volant de ce dernier modèle que nous avons passé une journée, en Champagne-Ardenne, avec la complicité de Girost Automobiles, distributeur officiel de la marque, sans qui cette belle découverte n’aurait pas été possible.

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Partons à la découverte de cette auto profondément attachante, et qui mériterait une plus large audience

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Présentation : Joliment inspirée

Impossible d’aborder ce chapitre sans parler de la source d’inspiration de PGO : l’intemporelle Porsche 356, dans sa version Coupé. Sans nul doute l’une des plus belles autos jamais dessinées…

Si l’inspiration est évidente, il ne faut pas réduire la Cévennes à un vulgaire copier/coller. Les designers de la marque ont en effet su lui insuffler sa propre personnalité, avec notamment une face avant plus athlétique que la frêle Porsche, avec ses écopes d’air ponctuées de feux de jour à LED, et sa lame de spoiler en carbone (optionnelle).

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Très plantureuse, la croupe de la Cévennes C se virilise par rapport à la 356, avec ses larges ailes, ou sa double sortie d’échappement, qui ravira les oreilles des mélomanes…

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Le profil se veut tout aussi sportif, avec ses écopes d’air, implantées au niveau du bas de caisse et du ponton latéral. Ces dernières sont aussi esthétiques qu’utiles, puisqu’elles alimentent le 4 cylindres turbocompressé en air frais. On apprécie également le toit façon hard-top de l’auto, qui vient « coiffer » l’auto, et qui accentue son dynanisme, même si les plus grands pâtiront de la faible garde au toit.

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L’auto se montre par ailleurs étonnamment compacte, puisqu’elle ne mesure que 3700 mm de long, et 1320 mm de haut. Ces dimensions très réduites augmentent encore son capital sympathie, en accentuant son côté râblé et sportif.

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La Cévennes C offre des dimensions réduites, qui la rendent encore plus désirable

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Très suggestives ces hanches, vous ne trouvez pas? 🙂

Au final, on se retrouve avec une très belle auto, qui se démarque des sempiternels Coupés sportifs, en offrant un excellent mix entre hommage et modernité. Un petit détour dans les ruelles de Troyes suffit pour s’en convaincre : notre Cévennes C attire de nombreux regards!

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Les rétroviseur sont repris de la DS3

L’intérieur n’est pas en reste. Par rapport aux anciennes PGO, la finition fait un net bond en avant, avec par exemple du cuir surpiqué étendu à la planche de bord, mais aussi des jolis boutons poussoirs en aluminium, qui permettent de rehausser la qualité perçue de l’ensemble. Dans l’ensemble, il se montre bien moins spartiate que celui des anciennes productions de la marque (il est même doté d’un GPS tactile!), ce qui est à saluer.

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On apprécie également la suédine qui orne les parties inférieures de cette planche de bord, ainsi que le combiné d’instrumentation, en aluminium brossé. Par ailleurs, et même s’ils ne sont pas forcément de notre goût, les inserts en carbone de la console centrale s’accordent plutôt bien avec l’esprit sportif de l’auto.

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Evidemment, et artisanat oblige, de nombreuses commandes sont reprises de modèles existants : ainsi, le pommeau du levier de vitesse ou le pédalier, qui proviennent d’une Mini Cooper.

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De façon générale, il se dégage de cet habitacle un indéniable parfum artisanal, pour le meilleur (superbe sellerie cuir, ambiance sans pareille), mais aussi pour le pire (avec par exemple des commodos repris d’une banale 206, ainsi que des grilles de haut-parleur qui font toc).

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On lui pardonne volontiers, car c’est justement tout ce qui fait l’essence de cette auto : son charme et son ambiance, qui lui confèrent l’âme qui manque à nombre de ses rivales.

Soulignons par ailleurs que cette production artisanale permettra au client de se concocter une PGO réellement unique, en choisissant par exemple la couleur ou la qualité du cuir qui garnira l’intérieur.

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Un petit bouton disposé au niveau du plafonnier permet d’illuminer cette inscription. Un gadget certes, mais diablement sympathique!

Cela va sans dire, mais les aspects pratiques sont assez négligés. L’auto n’a qu’un seul coffre, disposé à l’avant, qui rend rapidement les armes. Là encore, ce n’est pas la vocation de l’auto, puisqu’il ne s’agit pas d’une vulgaire bétaillère!

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Sur la route : Bourrée de charme

Ces premières bonnes impressions seraient toutefois vaines si la Cévennes C n’éveillait aucune émotion(s), volant en mains. Le moins que je puisse dire après cette journée d’essai (en bonne partie pluvieuse…), c’est que sa conduite, si elle n’est pas forcément irréprochable, est réellement enthousiasmante!

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Débutons avec le coeur de la bête : son 4 cylindres 1,6 L Turbo BMW/PSA. Ce moteur (connu chez nous sous le nom de 1,6 L THP) est le fruit du partenariat noué en 2012 entre PGO et BMW, et se montre bien plus moderne que l’ancien 2,0 L atmosphérique Peugeot.

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Développant 184 ch, ce bloc délivre par ailleurs un couple intéressant au regard de son poids contenu (PGO revendique seulement 998 kg à vide!) :  240 Nm sur une large plage moteur (de 1.600 à 5.000 tr/mn), et même 260 Nm pendant 10 secondes, lorsque la fonction Overboost est enclenché. A l’usage, on apprécie l’absence quasi-totale de temps de réponse, ainsi qu’une belle propension à grimper dans les tours.

Si le temps nécessaire pour passer de 0 à 100 km/h n’est pas communiqué par la marque, gageons qu’un pied droit un minimum exercé (eh oui, il n’y a pas d’antipatinage…) permettra de grimper à cette vitesse en +/- 7 secondes, ce qui représente une valeur déjà respectable!

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Surtout, avec son moteur disposé en position centrale arrière, juste derrière ses occupants, cette PGO réveille des sensations qu’on pensait impossible avec une auto « moderne ». On apprécie ainsi sa sonorité rageuse, très présente en phase d’accélération (bien aidée il faut dire par l’échappement sport de notre modèle d’essai), mais également ses bruits de turbo, chaque levé de pied étant par exemple ponctué d’un ‘tsss’ en provenance de la wastegate, assez jouissif je dois bien l’avouer!

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Les commandes de la Cévennes se montrent à la fois fermes et directes (jamais dans ma vie d’essayeur je n’avais expérimenté de pédale d’embrayage aussi courte…), à l’image de sa commande de boîte (reprise de la Mini), qui est un pur bonheur en conduite sportive.

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Grâce à sa conception, son châssis se montre très rigide, et ne se désunit pas, même dans les courbes abordées à haute vitesse. Globalement, la stabilité se montre rassurante, même s’il ne faut jamais perdre de vue le fait que l’auto est une propulsion dépourvue (ou presque…) de garde-fous électroniques, puisqu’elle n’a « que » l’ABS.

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En revanche, même s’il est possible de placer précisément l’auto dans les virages, la direction de l’auto se montre un peu légère en courbe, puisqu’on ressent alors une impression parfois déstabilisante de légèreté dans le train avant, sans doute liée à l’architecture de l’auto, qui concentre l’essentiel de son poids sur l’arrière. Rien à redire par contre du point de vue de la motricité, excellente, les roues arrières encaissant sans difficulté la cavalerie, même sur sol mouillé.

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En règle générale, il n’y a pas besoin de rouler le couteau entre les dents pour apprécier cette Cévennes C. Sa conception permet en effet de ressentir de nombreuses sensations, et ce dès les allures légales, contrairement aux autos modernes, où il faut rouler à des vitesses indécentes pour ressentir un semblant d’émotion. Et c’est là que réside toute la magie de cette auto, qui se montre aussi enthousiasmante à regarder qu’à conduire…

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Notre PGO, en visite au village du Grand Charles…
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Les freins avant BERINGER optionnels offrent une puissance et une endurance très appréciables

C’est pour cette raison que je passerai sous silence son niveau sonore, difficilement supportable sur de longs trajets autoroutiers (l’auto émettant alors des sifflements aérodynamiques assez désagréables), ou son confort, très ferme, avec notamment des assises bien trop dures. Là encore, ça serait passer à côté de l’essence de l’auto, qui n’a pas vocation à concurrencer les Audi TT et autres BMW Z4. Côté tarif, il faudra compter environ 45.000 Euros pour s’offrir ce petit morceau de sportivité à la française. Un tarif qui peut paraître salé de prime abord, mais à mettre en relation avec la production artisanale de l’auto, et sa rareté.

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Conclusion : Cocorico!

Vous l’aurez compris, j’ai été séduit par cette PGO Cévennes C. Se glisser à son volant, c’est un peu comme revenir une bonne trentaine d’années en arrière. Un temps où les autos n’étaient certes pas irréprochables, mais où la sensation de conduite n’avait pas encore été sacrifiée sur l’autel de la sécurité ou de l’écologie. Elle se situe à des années lumières de nombres de sportives modernes, certes redoutables d’efficacité, mais aussi cruellement aseptisées. Alors oui, c’est vrai, bon nombre de ses concurrentes se montreront bien plus vivables au quotidien, mais ces dernières seront aussi loin d’être aussi enivrantes…

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Un grand merci à Girost Automobiles (2 Rue du Moutot, 10150 Lavau), ainsi qu’à Thibault Girost, pour sa gentillesse, et sa disponibilité. 

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