Essais

Test/Essai de la Ferrari Testarossa


Qui ne connaît pas la Testarossa ? Ferrari mythique, emblématique des années 80, la Testarossa fut présentée en avant-première en 1984, au Salon de Paris. A l’époque, le « commendatore » Enzo Ferrari supervise encore la conception de ces modèles d’exception. Pour Enzo Ferrari, une véritable Ferrari est dotée d’un moteur V12. C’est chose faite avec la Testarossa, qui est animée par un bloc V12 développant quelques 390 ch, et qui remplace alors la vieillissante 512BB. A noter que la Ferrari Testarossa est la dernière voiture de série à sortir des usines de Maranello sous la tutelle d’Enzo Ferrari.

Ferrari Testarossa : rencontre avec le mythe

La Ferrari Testarossa de 1984 n’est pas la première à porter ce nom, bien au contraire, elle rend hommage à la 250 TR (Testa Rossa = Tête rouge) de 1957, nom donné du fait des têtes de culasse rouges du dit modèle. Cette fameuse Testa Rossa remporte d’ailleurs de nombreux Grand Prix, y compris le Mans 1958. En 1984 donc, Ferrari présente sa nouvelle Testarossa, non pas pour écumer les circuits, mais plutôt pour s’imposer comme la plus puissante des GT de l’époque. Ligne racée, taillée en forme de flèche, la Ferrari Testarossa régale les rétines par ses grilles latérales indémodables et son look inimitable. Le moteur est quant à lui en position longitudinale centrale arrière, afin de permettre une meilleure répartition des masses.

De ce fait, et par sa prestance inégalable, elle devient un objet culte. On la croise alors dans la série phare des années 80 : Deux flics à Miami, où Don Johnson conduit la belle (blanche pour être mieux vue lors des prises de nuits) dans les longues avenues de la côte est. Pour les puristes, c’est aussi le modèle choisi par Sega dans son célèbre jeu vidéo OutRun, sorti en 1986, et dans lequel on roule cheveux au vent dans des décors plus idylliques les uns que les autres.

V12, 48 soupapes, 390 ch…

Imaginez, moteur V12 5 l, 48 soupapes, 390ch et presque 50Nm de couple… tout cela en 1984 ! L’aérodynamisme et bien sûr le style incontournable de la voiture sont l’oeuvre une fois encore du plus fidèle designer automobile de Ferrari, j’ai nommé Pininfarina. Pour un poids donné de 1500 kg, le monstre avale le 0 à 100km/h en seulement 5,2s !

Avec une vitesse de pointe estimée à 290 km/h, autant vous dire qu’ « il cavallino rampante » avait intérêt à être bien né… Produite à seulement 7000 exemplaires, la Ferrari Testarossa est tout récemment passée entre nos doigts pour le coup fébriles et délicats.

Premier contact

Tout d’abord une chose, certes nous avons affaire ici à une voiture d’exception, mais chez Ferrari, et surtout dans les années 80 on ne pouvait pas dire que la finition était franchement au rendez-vous. Intérieur dépouillé, sièges en cuir somme toute basiques, tableau de bord minimaliste et peu aguicheur… autant dire que de prime abord, pour une GT, on n’est pas forcément bien chouchouté. Mais rassurez-vous, tous ces détails s’envolent dès lors que l’on insère la clé de contact et que l’on démarre la bête. A partir de là, un bruit inimitable surgit de votre dos et se stabilise à hauteur de 900 trs/min, dans un feulement roque qui d’ores et déjà annonce la couleur…

Rappelons à nos jeunes lecteurs qu’auparavant une voiture de cet acabit n’était pourvue d’aucune aide au pilotage. Pas de direction assistée, pas d’ABS, pas de contrôle de direction… et bien sûr, pas de palettes au volant. A la force du poignet comme dirait mon grand-père ! On a donc le droit à la célèbre grille Ferrari, avec évidemment la commande inversée. C’est-à-dire la première en bas….

Impressions de conduite

Allez on se lance, tout d’abord on est assis bas, très bas, extrêmement bas même ! Le volant se règle parfaitement et les sièges ont un recul très important. La pédale d’embrayage n’est pas faite pour les mi-mollets et la commande de boîte est très ferme, mais aussi très précise. « Surtout ne pas caler » me dis-je… et là on se retrouve avec une pédale d’accélérateur toute fine avec une sensibilité d’un autre temps, limite On/Off… Apprendre à doser l’accélérateur est plus difficile encore que de maitriser la pédale de frein qui, au vu de la puissance de l’engin, nous parait dans un premier temps par forcement rassurante…

Et puis vient la première ligne droite, désertique, comment résister… En une fraction de seconde, la première propulse la Testarossa dans un miaulement infernal. Plus de 8000 trs/min envahissent les tympans dans une mélodie mécanique inimaginable. Si ! La première comparaison se fait tout simplement avec un moteur de F1. Pas faux me direz-vous, puisque le bloc V12 équipant la Ferrari Testarossa n’est ni plus ni moins qu’un dérivé du bloc F1 de 1970, la fameuse 312B pilotée à l’époque par –excusez du peu- Mario Andretti, Chris Amon et l’incontournable Jacky Ickx… Bref, revenons a l’accélération, et autant vous dire qu’en seconde, on est déjà au-dessus des limitations de vitesse réglementaires…et dire qu’il reste encore trois autres rapports à passer… Le débattement court de la boite permet d’enchainer les rapports si rapidement que l’on ne perd quasiment pas de tours/minute lors d’accélération franche, un régal.

Le regard se focalise sur la route qui rétrécit littéralement à vue d’œil. Les rétros extérieurs épousent parfaitement les formes de la voiture et montrent surtout que derrière vous réside un énorme caisson de résonance. Les oreilles sont littéralement submergées par le V12 hurlant et les muscles des bras n’ont plus qu’un but : maintenir le volant afin d’enchainer les virages à une allure folle. Au vu de son envergure, on pourrait croire à une voiture difficile a manier, que nenni. La Testarossa répond au doigt et a l’œil, la direction précise fait des merveilles et la tenue de route est au rendez-vous. A vous de savoir quand il faut lancer la cavalcade… Lors d’une réaccélération en seconde dans un virage, on sent l’arrière très légèrement se déporter pour immédiatement recoller à la route, le tout, en appréciant l’envolée lyrique des 12 instruments qui lui servent de cylindres. Monstrueux ! C’est simple, on pourrait comparer la Testarossa à une diva mécanique, telle Maria Callas entonnant la Traviata.

La Ferrari Testarossa en chiffres :

– Coupé 2 portes
– Bloc V12 5 litre
– 390 Ch
– 12 cylindres, 48 soupapes
– Boîte de vitesses manuelle 5 rapports inversée (1ère, 3è et 5è en bas)
– Propulsion
– Vitesse de pointe : 290 km/h
– Poids : 1 650 kg
– Dimensions : 4,48 x 2 x 1,13 m
– Production : 7000 exemplaires, entre 1984 et 1996

Ferrari Testarossa, notre verdict

Légendaire, mythique, surréaliste, époustouflante, incroyable, je pense qu’il n’y a pas de qualificatifs assez forts pour décrire ce que dégage la Testarossa. Notre modèle de 1991 tient encore la dragée haute à ses soeurettes, mais aussi à bon nombre de modèles récents, toutes marques confondues. Soyons clairs, la Ferrari Testarossa ne se conduit pas, elle se pilote. Elle constitue indéniablement une voiture d’exception, à ne pas mettre entre toutes les mains toutefois, d’une part pour son côté exclusif (et financier), mais aussi par sa conduite exigeante, qui s’apparente davantage à du pilotage qu’à une conduite traditionnelle. Pour nous, le verdict est simple : Forza Ferrari !

Retrouvez à cette adresse notre essai complet d’une autre Ferrari mythique, la 456 GT.