Essais

Essai : Volkswagen up! GTI : Digne héritière ?


Une espèce en voie de disparition

C’est un fait : aujourd’hui, il est difficile de trouver une auto « plaisir » dans un budget contenu (entre 15 et 20.000 Euros), en tout cas si on veut du neuf. Très populaires dans les années 90 et 2000, les petites sportives abordables sont aujourd’hui une espèce en voie de disparition. Exit les 106 S16/Saxo VTS qui faisaient le bonheur des pilotes en herbe désargentés, il faut aujourd’hui viser dans la catégorie des citadines (qui n’ont plus de citadines que le nom…) pour trouver des déclinaisons au caractère bien trempé, et forcément, le budget n’est pas le même…

C’est donc avec beaucoup de curiosité et d’attente(s) que j’ai accueilli l’annonce de Volkswagen de décliner sa micro-citadine up! en une version sportive, surtout au vu du blason choisi : GTI. Ces trois lettres mythiques me font en effet immédiatement penser à l’illustre Golf éponyme, lancée en 1976 (relire l’histoire de la Golf I GTI par Jensen), qui a marqué d’un sceau indélébile l’histoire de l’industrie automobile.

La nouvelle up! GTI à côté de son illustre devancière : la Golf I GTI.

Au vu de son blason très lourd de sens, on peut légitimement se demander si cette nouvelle citadine énervée est à la hauteur de son patronyme. Je suis parti l’essayer entre Nice et Monaco pour vous livrer mon avis !

Un look de puce enragée

C’est indéniable : la up! GTI dispose d’une sacré personnalité, surtout au regard de sa petite taille (elle mesure 3,70 m de long, et 1,39 m de haut). Il faut dire que Volkswagen a considérablement musclé sa petite citadine, avec au niveau de la face avant son bandeau de bouclier noir brillant qui dispose en sa partie inférieure d’un splitter, et son liseré rouge qui souligne une calandre façon nid d’abeilles.

Mais c’est le profil qui est le plus explicite, avec sa double bande latérale soulignant les bas de caisse, ses coques de rétroviseurs peintes en noir, et surtout ses superbes jantes de 17 pouces, au nom très évocateur : Brands Hatch, du nom d’un célèbre circuit Anglais. On note également les étriers de freins peints en rouge, histoire de rester dans l’ambiance.

Quant à l’arrière, il hérite d’un becquet de toit allongé, d’un liséré rouge comme à l’avant, d’un diffuseur noir mat, et d’une sortie d’échappement chromée. La panoplie parfaite de la petite citadine en survêtement de sport, en quelque sorte ! Quoiqu’il en soit, la ligne de cette up! GTI est pour moi est une vraie réussite. Elle réussit en effet à se démarquer sans peine de la version classique, tout en ne versant pas pour autant dans le mauvais goût. Un point commun avec son illustre devancière !

Un intérieur qui respire le sérieux

La sellerie de la up! GTI donne immédiatement le ton, avec son motif tartan baptisé « Clark », comme sur les Polo et Golf disposant du même blason. Un pommeau de levier de vitesse et un volant spécifiques sont aussi de la partie, associés à un ciel de toit noir, un insert de planche de bord « pixel red », et un éclairage d’ambiance lui aussi rouge. On peste toujours contre la colonne de direction, ajustable en hauteur, mais non en profondeur.

Résolument sérieux, avec des matériaux costauds et des assemblages au diapason, l’habitacle de la up! GTI surclasse sans peine celui de sa plus sérieuse rivale : la Twingo GT (relire l’essai de la Twingo GT).

En revanche, la Renault peut disposer d’un vrai système d’info-divertissement intégré, quand la Volkswagen doit se contenter d’un système de dock qui permet de relier son smartphone à l’auto, notamment pour avoir accès à un système de navigation. À l’usage, c’est plus contraignant, et surtout moins performant qu’un système dédié, ou même qu’un smartphone disposant de l’application Waze. La up! GTI réplique avec un sympathique système Audio Beats, fort de 8 HP, et délivrant 300 W.

Le système de dock de la up! GTI, qui permet de relier son smartphone à l’auto.

Des performances sympathiques, un comportement routier très sain, mais…

Animée par le trois-cylindres 1.0 L TSI délivrant 115 ch et 200 Nm de couple, la petite bombinette Volkswagen n’est certes pas un monstre de puissance, mais son poids contenu (elle accuse 995 kg à vide) laisse augurer de bonnes sensations, même si on ne peut être que nostalgique en pensant à la première Golf GTI, qui offrait une puissance certes légèrement inférieure (110 ch), mais qui était en même temps bien plus légère (810 kg)…

Quoiqu’il en soit, ce petit moteur grimpe avec entrain jusqu’aux abords de la zone rouge, à environ 6.000 tr/min, dans une sonorité rocailleuse plutôt sympathique (mais appuyée par un système d’amplification du son dans les haut-parleurs), même si on aurait apprécié un son plus démonstratif à l’échappement (la discrétion allemande sans doute !), et surtout un turbo lag moins prononcé. En revanche, et à défaut de se montrer ébouriffantes, les performances sont déjà largement suffisantes pour se faire plaisir : 0 à 100 en 8,8 secondes, et 196 km/h en pointe.

Poids et cylindrée limités obligent, la consommation est contenue (entre 5,6 et 5,7 L / 100 km en mixte selon le cycle WLTP -très proche de la réalité-). Plutôt vertueuse, la up! GTI est par ailleurs la première Volkswagen essence à disposer d’un filtre à particules.

Bien campée sur la route, avec ses roues 17 pouces, ses voies élargies et son châssis sport rabaissé de 15 mm, la up! GTI offre un comportement routier très sérieux, mais peut-être trop. Avec ses prises de roulis limitées et son arrière indéboulonnable, l’auto préfère élargir la trajectoire dans les courbes abordées avec un peu trop d’enthousiasme. Si cela devrait rassurer les novices, les puristes (dont je fais partie) auraient bien aimé un train arrière un peu plus joueur, afin de faciliter l’inscription en virage. Toujours au rang des griefs, j’ai pu constater à quelques reprises que le train avant avait parfois du mal à passer la puissance au sol. Enfin, la direction manque de relief et la commande de boîte de raffinement pour une auto à vocation sportive.

Les tarifs de la up! GTI

Financièrement parlant, la up! GTI est attractive : elle est vendue 16.790 Euros (comptez 500 Euros de plus pour la version 5 portes), avec une dotation de série riche, et une liste d’options limitée : système audio Beats, caméra de recul, toit ouvrant panoramique, drive pack plus (freinage d’urgence en ville, allumage automatique des projecteurs, régulateur de vitesse, détecteur de pluie), système de navigation par application Maps + More. A titre de comparaison, une Twingo GT est vendue 17.400 Euros.

Points positifs :

+ Look sportif réussi

+ Qualité intérieure

+ Performances intéressantes

+ Tarif attractif

+ Polyvalence

Points négatifs :

– Comportement routier sain mais pas sportif

– Moteur manquant de progressivité

– Pas de vrai système d’info-divertissement

Conclusion : A une lettre près…

En relisant cet essai, je me dis que je suis quand même un peu dur avec cette petite up! GTI. Et c’est vrai que tout bien considéré, l’auto est très polyvalente, agréable à conduire, et plutôt confortable. Ainsi, et après mûre réflexion, je pense qu’il ne faut pas forcément juger cette up! comme une « vraie » GTI, mais plutôt comme une GT. Là, ses défauts deviennent presque anecdotiques, et on apprécie sa polyvalence, qui fait qu’au quotidien elle rendra une meilleure copie que la souvent brouillonne Twingo GT. Et l’appellation GTI dans tout ça me direz vous ? Un excellent argument marketing pour Volkswagen sans nulle doute, mais pas le signe d’une vraie descendance de la Golf I GTI, qui reste plus de 40 ans après son lancement une légende indétronable…