Essais

Essai Ford Tourneo Courier : Dr Jekyll et Mr Hyde


Quid du ludospace

Le segment des ludospaces, ces véhicules familiaux sur base d’utilitaire, a été crée par le Citroën Berlingo Multispace en 1996, si on occulte l’inclassable Simca-Matra Rancho, à mi-chemin entre un crossover et un ludospace, né près de 20 ans avant le Berlingo. Chez Ford, le Tourneo premier du nom (la gamme Tourneo désigne les véhicules du constructeur dédiés au transport de personnes), a été lancé en 2003. La concurrence n’a depuis lors cessé de se développer, et un nouveau segment a même été créé : les ludospaces compacts ou urbains, qui affichent logiquement des dimensions réduites.

Tourneo 12

Dans un marché automobile plutôt saturé, le segment des ludospaces compacts fait figure d’exception. Seuls 3 modèles clones se partagent en effet le marché : les Citroën Nemo Multispace, Peugeot Bipper Tepee et Fiat Qubo. Avec près de 4.16m de long, ce nouveau Ford Tourneo Courier ne concurrence pas directement le roi du genre, le Renault Kangoo, qui mesure 12cm de plus, mais plutôt les « triplettes » Nemo/Bipper/Qubo, qui mesurent 3.96m. Pour les clients en quête de plus d’espace, le constructeur américain propose le Tourneo Connect, qui mesure 4.41m.

Basé sur, l’utilitaire Transit Connect, ce Tourneo Courier arrive avec de sérieux arguments. Il est fabriqué en Turquie, à Koceali, et arrivera en concessions à l’horizon mai/juin 2014. Il cible les familles qui recherchent une alternative à un petit break ou à un monospace, souvent plus chers.

Présentation intérieure et extérieure

S’il ne fera sans doute pas tourner les têtes, ce Tourneo Courier offre une plastique assez avenante pour un véhicule de ce genre. La face avant n’est pas dénuée d’élégance, avec notamment des nervures et un petit bossage central sur le capot. On note par ailleurs l’adoption de la calandre maison, au design très Aston Martin…. L’arrière est beaucoup plus massif, et trahit l’origine utilitaire de l’engin.

Tourneo 1

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La présentation intérieure est moderne, bien plus que ses concurrents badgés Citroën, Peugeot ou Fiat. En revanche, inutile de rechercher des plastiques moussés, il n’y en a pas. Logique, vu le prix affiché, et les origines utilitaires. La qualité semble satisfaisante, même si certains plastiques de nos modèles d’essai (des pré-séries) laissaient franchement à désirer. Il en est ainsi des montants de pare-brise, découpés de façon hasardeuse, ou de certains joints présents dans l’habitacle, « bruts de démoulage ».

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Si l’ergonomie est parfois douteuse (multitude de boutons au niveau de l’autoradio), on apprécie quand même le côté « futuriste » de ce tableau de bord, avec notamment un bloc compteurs très réussi, avec de jolies aiguilles bleues. Si la présence d’un GPS intégré est appréciable pour ce type de véhicule, l’écran est trop petit, et semble noyé au sein du tableau de bord. Il n’est par ailleurs pas tactile.

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Habitabilité et modularité

Parlons d’espace, point crucial pour ce type de véhicule. C’est l’un des points forts de ce Ford. La garde au toit est impressionnante, à tel point qu’un conducteur de taille moyenne -1.76m par exemple…- ne se voit même pas dans le rétroviseur central ! L’impression de place est d’ailleurs saisissante, avec un pare-brise loin du conducteur. On apprécie par ailleurs la capucine, qui permet de ranger de nombreux objets.

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A l’arrière, les passagers seront à leur aise, avec une confortable longueur aux jambes, et des tablettes type aviation au dos des sièges avant. L’accessibilité aux places arrière est facilitée par les 2 portes coulissantes (de série dès le modèle de base), même si on déplore que ces dernières ne reculent pas un peu plus vers l’arrière, rançon de la compacité de ce Tourneo Courier.

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Le coffre n’est pas en reste puisqu’en configuration 5 places il cube 708l, son volume atteignant même 1656l sièges repliés, avec une longueur de chargement dépassant 1,10m ! Autre point positif : le seuil de chargement, très bas. La hauteur de la plage arrière peut être ajustée, afin de compartimenter le coffre, et cette dernière peut s’escamoter derrière les sièges arrière. Bien pensé.

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Sur la route

Le Tourneo Courier est décliné en 3 motorisations : deux diesel et -chose intéressante- un essence, alors que ses concurrents Nemo/Bipper/Qubo ne disposent que de diesels (hormis le Fiat et son anecdotique version GPL).

Les motorisations disponibles :

  • 1.5L TDCI : 75ch, 190Nm, 0 à 100km/h en 16 secondes
  • 1.6L TDCI : 95ch, 215Nm, 0 à 100km/h en 14 secondes
  • 1.0L EcoBoost : 100ch, 170Nm, 0 à 100km/h en 12.3 secondes

Toutes ces motorisations peuvent être associées à un système Stop and Start.

La journée commence avec le 1.6L TDCi, qui développe 95ch. Autant le dire tout de suite : ce moteur constitue le strict minimum en diesel pour le Tourneo Courier, qui accuse 1205 kilos à vide sur la balance. Les performances sont faibles, et une côte un peu prononcée nécessitera de repasser la 4ème pour maintenir les 90km/h. L’occasion de découvrir que la boîte de vitesse présente un guidage de qualité. Ces faibles performances se révèlent problématiques, d’autant plus pour un véhicule qui a vocation à être chargé. Le niveau sonore est par ailleurs assez élevé, et ce moteur manque globalement de raffinement. Ford revendique une consommation en cycle mixte de 4.0L/100kms (3.8L/100 si on opte pour la version Stop and Start), très faible pour un véhicule de ce type, mais qui devra être confirmée.

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Avec le 1.0L EcoBoost le Tourneo change radicalement de visage, pour notre plus grand bonheur. Fini la sonorité ingrate et les vibrations, place au silence, quand même ponctué d’une sonorité presque sportive en phase d’accélération. Le 3 cylindres turbo fait preuve d’un brio étonnant, même en déclinaison 100ch, et se montre parfaitement à même de mouvoir correctement la voiture, avec la possibilité de conduire au couple, comme un diesel en somme!  Le silence qui règne à son bord est saisissant, même sur autobahn à allure élevée, où on n’entend que des bruits d’air et de roulement. Notre version, dotée d’un Stop and Start (au fonctionnement au point) revendique une consommation de 5.2L/100kms en cycle mixte. L’ordinateur de bord de notre modèle d’essai affichait une consommation moyenne de 6.9L, sur un parcours mêlant ville et route (et une pointe d’autoroute), avec quelques accélérations poussées.

Un vrai bijou technologique :

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Bâti sur la plate-forme « B » du constructeur (Fiesta, B-Max, EcoSport), ce ludospace fait preuve des qualités routières qui caractérisent la marque à l’ovale depuis la Focus I, avec un châssis relativement agile pour ce genre de véhicule, des prises de roulis limitées et une direction qui offre un très bon feedback, que ce soit en essence ou en diesel. Le confort n’est pas en reste, avec une suspension qui offre un filtrage de qualité. On est très loin d’une camionnette sautillante, et les amateurs de monospaces ne seront pas dépaysés par les prestations routières du Tourneo Courier.

Tarifs et équipements

Il s’agit d’un chapitre où le Tourneo Courier brille particulièrement. Il offre en effet beaucoup d’espace, des qualités routières évidentes (en dépit d’un manque flagrant de brio pour la version 1.6 TDCI) et un équipement complet (surtout en finition Titanium) pour un tarif contenu. Un Peugeot Bipper Tepee Outdoor 1.3 HDI 75ch s’affiche en effet à 18.310€ doté de l’ESP, tarif sensiblement équivalent au Tourneo Courier Titanium 1.6 TDCI 95 (18.490€), qui offre beaucoup plus d’espace, un moteur plus puissant, et des équipements inconnus chez son rival : jantes alliage, airbags rideaux, Bluetooth (équipements de série)…  Les « grands » ludospaces (Kangoo, Berlingo), dépassent allégrement la barre des 20.000€, avec une dotation souvent plus pingre. La version 1.0 EcoBoost Titanium coûte quant à elle 17.410€.

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La gamme se compose de 3 finitions : Ambiente, Trend et Titanium.

Dès le modèle de base on dispose d’une dotation sécuritaire complète : ESP, 6 airbags, système de surveillance de la pression des pneus.

La version Trend y rajoute notamment :

  • régulateur et limiteur de vitesse
  • rétroviseurs électriques et chauffants
  • phares antibrouillard avant
  • système audio numérique Bluetooth

La finition Titanium offre une dotation complète :

  • climatisation manuelle
  • aide au stationnement arrière
  • phares et essuie-glaces automatiques
  • jantes 16” alliage, vitres arrière surteintées
  • rétro intérieur électrochromique

Conclusion 

Si ce n’est peut-être pas le véhicule le plus glamour de la gamme Ford ce Tourneo Courier n’en constitue pas moins une proposition très intéressante dans le segment des ludospaces. À mi-chemin entre les modèles compacts (Nemo/Bipper/Qubo) et les « grands » ludospaces (Kangoo, Berlingo…) il offre beaucoup d’espace à bord tout en restant compact (+19cm par rapport à une Fiesta). Ses qualités routières sont évidentes, en dépit d’une motorisation diesel trop à la peine pour convaincre pleinement. Avec le formidable 1.0L EcoBoost il change complètement de personnalité, et permet d’oublier les origines utilitaires du Tourneo Courier. Surtout il est très bien placé financièrement, avec un surcoût limité par rapport à une Fiesta (inférieur à 1.500€).