Essais

Essai : La Nissan LEAF électrise le marché automobile

Contexte et enjeux, vers la révolution énergétique

Véhicule 100% électrique le plus vendu de l’histoire avec 220 000 unités produites en 5 ans, la Nissan Leaf est une des pionnière dans l’ère de la voiture zéro émission. Désormais en concurrence sur le marché, la compacte nippone évolue avec une nouvelle batterie 30KWh, permettant de parcourir jusqu’à 250 kilomètres NEDC (New European Driving Cycle).

Essai Nissan Leaf 30KWh

Mais il ne s’agit pas de s’arrêter à cette autonomie, faible par rapport aux chiffres d’un sobre diesel, et qualifier le véhicule électrique comme inadapté à notre quotidien. Car si notre soif d’aventure se présente pour avaler le bitume autoroutier au détour d’un weekend ou de nos vacances, la majorité de nos trajets se révellent être de simples domicile – travail – école – supermarché – salle de sport. En somme, des déplacements urbains et péri-urbains, donnant à peine le temps à nos moteurs thermiques d’atteindre le seuil de température adéquat.

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Nous fermons les yeux à propos des surémissions engendrées, ignorons les intrigants claquements prématurés de nos moteurs et les pollutions sonores accumulées dans nos villes. Un discours un tantinet réac’ au risque de ne plus paraître crédible pour le reste de mon papier. Pourtant l’automobile, tout comme nos habitudes domestiques, est en pleine mutation, et Nissan l’a compris avec un temps d’avance en commercialisant ce qui ressemble à la voiture que nous aurons tous le plaisir de conduire d’ici quelques années. La passion automobile que nous présentons ici tous les jours va inéluctablement négocier un virage vers un transport automobile raisonné, des sonorités rauquent d’un V6 à l’ambiance feutrée propulsée par un Quattro scotchant.

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Pourtant ce plaisir perdurera, comme nous vous l’avons déjà présenté, Tesla nous a déjà convaincu que la voiture passion peut exister, mêlant plaisir et sagesse écologique. Qu’en est t-il pour tous les jours et pour remplacer l’automobile du commun des mortels ?
Ce que nous avons besoin au quotidien pour la majorité d’entre nous, la Leaf nous le propose sur le papier. Nous l’avons mise à l’épreuve sur les routes du tour de Corse, loin sa zone de prédilection que sont la ville et sa périphérie. Courte aventure d’une demie-journée, juste pour voir si c’est possible. Je vous en propose un aperçu et mon avis.

À l’extérieur, rouler en Leaf c’est rouler décalé

La Corse étant le terrain de jeu de notre essai, avouons que l’île de beauté présente bien plus d’arguments que la Leaf. Si l’on concède une bouille sympathique à cette compacte dotée d’une partie avant rondouillarde aux optiques globuleux, le design général aux allures de grosse grenouille manque de raffinement.

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Contrairement à ses concurrentes directes, VW eGolf, Ford Focus, Kia Soul EV, la Nissan Leaf a été conçue et dessinée uniquement en tant que véhicule électrique, et non véhicule thermique reconditionné. C’est pourquoi l’on remarque des proportions inhabituelles avec une hauteur de toit plus importante et un avant proéminent présentant des nervures dans un but aérodynamique.

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Notons également que les États-Unis et le Japon sont les premiers marchés ciblés, alors sans doute le style de la Leaf plait-il chez l’oncle Sam et aux conducteurs nippons. Car, en Europe le design est clivant. Saluons tout de même l’audace stylistique dans un segment C ennuyeux. Mais les goûts et les couleurs…
Détails spécifique, on remarque un panneau solaire positionné sur le toit au niveau du hayon selon les versions. Faut-il aussi souligner l’absence de pot d’échappement?

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À l’intérieur, une compacte comme on l’attend

Nissan reste fidèle à son placement de gamme, ainsi la Leaf n’a pas pour vocation d’être une premium, elle n’en est pas pour autant une low-cost. La présentation intérieure présente quelques efforts appréciables au côté de choix de matériaux tendant à l’économie.

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Côté pratique, on note la présence de quelques rangements, sans plus, mais la notice d’utilisation du véhicule, format “bible”, occupe une bonne partie du volume de la boite à gants réfrigérante, où l’on pourra y déposer en plus… nos gants.

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Le volume de coffre se porte à 370 litres, soit 30 de plus qu’une VW e-Golf, 10 de moins qu’une Soul EV mais aussi qu’une Megane 4 dci. Il s’agit donc d’une vraie compacte en terme d’habitabilité, les batteries étant intégrées au plancher de manière optimale, on s’y installe aisément à quatre adultes et leurs bagages.
Aussi dans de moelleux sièges, le propriétaire de la Leaf aura tout le bonheur d’être secondé par pléthore d’équipement pour ce type de véhicule. Dès l’entrée de gamme (en version 30KWh), on remarque entre autre, la présence de la caméra de recul, du GPS et de la connexion du véhicule avec le smartphone.

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 Sur la route, elle fait le job !

C’est avec une réelle curiosité, mais également un soupçon d’appréhension que je débute mon essai, car là est la véritable inconnue. Une barrière purement psychologique s’insinue à l’idée de prendre le volant d’un véhicule alimenté par des batteries, en pleine nature dans les montagnes inconnues de ma part. Mais faisons confiance en Nissan qui m’assure que je ne tomberais pas en panne d’énergie.

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Lors des premiers hectomètres parcourus, il n’y a finalement pas de grande surprise. Le silence est roi évidemment, pas de bourdonnement de moteur ni de vibration parasite. Le bruit de roulements reste, comme tout autre véhicule, le plus présent. Même si le niveau sonore est tout à fait contenu et acceptable, on pourrait ici exiger une attention supplémentaire sur ce point. Paradoxalement, l’utilisateur de la Leaf se doit de ne jamais oublier cette quasi absence de bruit lors des trajets dans les hyper-centres urbains, car les piétons ne l’entendent pas arriver (… rappelez vous la Zoe et la vieille dame) !

Deux modes de conduite sont disponibles, différentiables l’un de l’autre par deux gestions de récupération d’énergie distinctes. Différence presque subtile pour l’utilisateur lambda qui remarquera simplement un frein moteur plus ou moins important selon le mode utilisé, et donc une recharge de batterie en conséquence.

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Pour les soucieux de l’autonomie, un mode ECO modifie la gestion de la puissance disponible. Il s’avère judicieux de l’utiliser en ville par exemple, où les 110ch ne sont pas indispensables. En mode normal, le couple généreux de 254 Nm dès les premiers régimes sont un régal à la conduite, à en faire couiner une Porsche au feu rouge, elle s’essouffle ensuite au delà de 80km/h pour plafonner à 144km/h (donnée constructeur). La Leaf s’utilise comme tout véhicule à boite automatique. De surcroit, il n’y a qu’une seule vitesse en marche avant, ce qui lui confère une grande douceur à l’accélération.

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Leaf vs les belle d’antant : le choc des cultures

Sur les routes torturées du parcours, j’ai goûté au plaisir de conduite en véhicule électrique. Aux oubliettes, les montées en régimes fulgurantes de nos moteurs atmosphériques, les descentes de rapports pour regagner le couple nécessaire. La Leaf se conduit “à la cool”, même sur le parcours du WRC (World Rally Championship). Les pilotes en herbe en seront déçus, mais la Leaf n’est pas produite pour leur plaire. Car avec près d‘1,6 tonne sur la balance, le dynamisme n’est pas son point fort. Le freinage s’avère toutefois efficace avec disques avant et arrière indispensables pour contrer la cinétique supplémentaire des batteries. Le système de récupération d’énergie est palpable dans le toucher de la pédale de gauche. Habitués d’une commande plutôt moelleuse d’un véhicule classique, la Leaf propose à son conducteur un point plus dur en seconde partie de course.

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Après 120 kilomètres de routes exigeantes, il reste 25% de batterie, ceci en ne se souciant nullement de la conservation de l’énergie, se prenant au jeu d’essayer la Leaf sans retenue, avec un œil sur le potentiomètre affiché au tableau de bord tout de même. Avec une approche cohérente typée « éco-conduite », il eu sans doute été possible de garder 35% voir 40% de charge en fin de parcours. Pari réussi de pouvoir utiliser la Leaf pour une demi-journée d’évasion.

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Enfin Nissan à pensé à nos fameuses escapades loin du domicile à proposant aux acheteur de Leaf neuves ou via la récent “Nissan Club Occasion Véhicules Électriques”, le pack mobilité incluant une carte Hertz chargé pour 4 semaines et un trajet de ferroutage. Si le doute est alors permis pour des utilisations ponctuelles en weekend, la solution de brancher la Leaf via les bornes de charge rapides CHAdeMO sont disponibles un peu partout en France, et récemment en Corse via la carte de recharge fournie.
On se permet d’imaginer quelques contraintes supplémentaires à l’usage, mais il s’agit là de bouleverser un peu nos habitudes automobiles pour s’apercevoir que la mobilité raisonnée n’est pas un fardeaux si important.

 Le coût pour tous les jours, petits calculs sur un coin de table

Car la révolution énergétique est également un enjeu financier, comparons la Leaf face à une VW Golf VII TDi 110 bluemotion DSG7 avec 18 000 kilomètres annuels, kilométrage moyen d’un utilisateur de Leaf Acenta 30KWh, d’un point du vue strictement “portefeuille”.

– À la pompe (faute d’être sur secteur), la Golf coûte évidemment plus chère, compter un facteur 3 sur le relevé de comptes.
– Le coût d’assurances est comparable.
– Sans vidanges et entretien divers d’un moteur à émissions, la Leaf est également moins coûteuse en entretien général, compter -25% de factures en moins.
– Sous certaines conditions, les stationnements peuvent être gratuits selon les communes,
– La carte grise : la Leaf affiche 3cv fiscaux.
Sans entrer dans les détails, et bien sûr selon son utilisation la Leaf, revient donc à moins de 10€ pour 100km, soit 33% de moins que la Golf. À l’achat, la Leaf affiche 29 000€ bonus écologique déduit, comme la Golf à équipement équivalent, ou 23 100€ et 100€/mois de location de batterie.
Faites vos comptes, car sans être la l’affaire du siècle, la Leaf remporte le match financier de manière significative.

Bilan

La voiture du futur roule depuis 5 ans et pour quelques longues années encore. N’en déplaisent aux récalcitrant, la Leaf est la voiture électrique la plus vendue au monde et les consommateurs ne s’y trompent pas. Si les avantages fiscaux boostent encore les ventes selon les pays, ils semblent être indispensables au développement de la technologie utilisée par la Leaf et permettre, à terme, une réduction des coûts de production.
Dans le cycle de vie de cette Nissan Hi-tech, l’on avouera le point noir du recyclage des batteries lithium-ion laminées, encore un problème. Mais la recherche avançant, la batterie du (vrai) futur sera sans doute bientôt en phase avec nos besoins écologiques.

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En outre, la Leaf gagne son pari de “voiture pour tous les jours”, utilisable pour notre quotidien à 90% de nos habitudes d’aujourd’hui, tant sur le plan des performances que pour ses équipements. Pour les 10% restant, il faudra soit changer ses habitudes de transport, soit posséder un second véhicule au foyer capable de se ressourcer en stations services. Là encore, les technologies progressant, cette zone sombre tant à se restreindre, à en prouver par cette nouvelle version 30KWh se substituant aux version 24KWh des premières Nissan Leaf.

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Les +

  • La douceur de conduite
  • Rouler en “0 émissions”, c’est rouler vert
  • Le coût de fonctionnement faible

Les –

  • Le design peu convainquant
  • La masse de l’engin