Essai : Volvo V60 Cross Country D4 AWD : Proposition décalée
Une autre vision du premium
Dans la catégorie des constructeurs dits « premium », Volvo a toujours tenu une place un peu particulière. Après avoir longtemps proposé des voitures robustes et pratiques, mais pas forcément très glamour, la marque a aujourd’hui délaissé le profil « carré » de ses anciens modèles (on pense notamment aux 940 Breaks, qui font encore aujourd’hui le bonheur de bien des brocanteurs), afin d’offrir un design beaucoup plus contemporain.
Afin de capter une clientèle en soif d’aventure, le constructeur de Göteborg a lancé en 1997 sa gamme tous-chemins « XC ». La recette est la suivante : prenez un Break maison, surélevez-le de quelques centimètres, saupoudrez-le de protections de carrosserie, et vous obtenez un véhicule au look baroudeur très tendance, au moment même où le marché des SUV prenait son envol. Un cocktail couronné de succès, puisque de nombreux modèles ont ensuite reçu cette déclinaison.
Dans la gamme actuelle, c’est la V40 qui a eu la primeur d’une version aventurière, rebaptisée « Cross Country ». C’est aujourd’hui au tour de sa grande soeur, la V60, lancée en 2011, de recevoir sa déclinaison baroudeuse.
Pour la mettre à l’épreuve, nous avons passé une semaine à son volant, sur bitume, mais aussi en dehors des sentiers battus! Verdict!
Présentation : Le charme suédois opère!
Cette version Cross Country de la V60 ne bouleverse pas le break suédois dans ses fondamentaux. Pourtant, les quelques modifications opérées redonnent à l’auto un joli coup de jeune.
L’auto voit ainsi sa garde au sol rehaussée de 65 mm, et hérite surtout de nombreuses protections de carrosserie, qui complètent son décorum aventurier. Le résultat est probant, puisqu’il confère à la V60 un look très tendance, surtout avec la robe « Java étincelant » de notre modèle d’essai.
Les traits sont fins, et l’auto évite l’effet « armoire normande » des anciens breaks maison. Surtout, le profil se montre élancé, avec des flancs sculptés, et des porte-à-faux courts.
L’arrière hérite de feux verticaux au dessin travaillé, et qui disposent d’une jolie signature lumineuse à LED. La partie basse hérite d’un diffuseur logeant la double sortie d’échappement, avec marquage « Cross Country » ad hoc.
Après avoir claqué l’épaisse portière, on pénètre avec plaisir dans un habitacle très « zen », et plutôt minimaliste, qui se caractérise par sa console centrale flottante, et par le soin global apporté à sa réalisation.
Un habitacle où il fait bon vivre, avec ses placages en bois sur la console centrale ou les contre-portes, façon sauna suédois, et ses excellents sièges (une habitude de la marque…), qui conjuguent ergonomie et confort impeccable. En revanche, la multitude de boutons disséminés sur la console centrale demande un petit temps d’adaptation.
Les amateurs de musique cocheront la case système audio « Premium Sound » by Harman Kardon, composé d’un ampli de 5 x 130 watts et 12 haut-parleurs, qui offre un son limpide et puissant. Un must have!
On aime un peu moins le système d’infotainment et son écran trop étriqué, certains matériaux employés (un peu trop « bruts » à notre goût…), et surtout le volume du coffre, un peu court pour un break (seulement 430 litres).
Sur la route : Cohérente, quelque soit le terrain!
Pour notre essai, nous avons choisi la version de pointe de la gamme V60 Cross Country diesel : la D4 AWD, et son coeur de 2,4 L, qui développe 190 ch et 420 Nm. Contrairement aux autres V60 D4, cette version à 4 roues motrices hérite d’un « bon vieux » bloc 5 cylindres maison, gavé par 2 turbos.
Une espèce aujourd’hui en voie de disparition, et c’est bien dommage, tant il se montre attachant à l’usage, avec son grondement caractéristique, et ses belles montées en régime. Revers de la médaille, il est un peu plus porté sur la boisson que ses frères à 4 cylindres (Volvo annonce 5,7 L/100 km en mixte, mais il n’est pas rare de grimper à près de 9 L/100 en utilisation intense). Les performances, sans être décoiffantes (il faut dire que l’auto accuse 1.836 kg sur la balance!), sont plutôt flatteuses : la vitesse de pointe atteint 205 km/h, et le 0 à 100 km/h est abattu en 8,9 secondes.
Ce moteur est associé à une boîte automatique Geartronic à 6 rapports (contre 8 pour les 4 cylindres), qui se marie parfaitement avec le tempérament de l’auto, en se montrant progressive et douce.
Sur le bitume, l’auto rend une excellente copie. Elle se montre en effet confortable, bien insonorisée, et distille une très agréable sensation de sérénité, avec une tenue de route sécurisante. Les prises de roulis sont assez bien maitrisées, et la direction offre un bon toucher de route. En revanche, le rayon de braquage est trop important, et rend l’évolution en ville parfois malaisée.
Après cette essai concluant sur sentiers battus, nous avons offert un bon bain de boue à notre V60, histoire de vérifier si ses prétentions aventurières sont justifiées. Le résultat est étonnant!
Avec son différentiel Haldex qui envoie la puissance aux 4 roues, l’auto offre une excellente motricité, et même les 4 roues dans la boue! Cette motricité, conjuguée à une garde au sol rehaussée, permettent à l’auto d’afficher des qualités off-road insoupçonnées.
Si elle ne devient pas pour autant une véritable « franchisseuse » (elle reste trop basse pour cela), la suédoise s’en sortira en revanche avec les honneurs en conditions d’adhérence précaires : boue, neige ou sable. Son appellation « Cross Country » (tous chemins si vous préférez) n’est donc pas usurpée, bien au contraire!
Points positifs :
+ Look baroudeur réussi
+ Habitacle agréable à vivre
+ Compromis confort/tenue de route
+ Vraie « tous chemins »
+ Motorisation 5 cylindres pleine de caractère
Points négatifs :
– Coffre étriqué
– Système d’infotainment dépassé
– Consommation qui grimpe vite
– Certains matériaux utilisés
Conclusion : Le charme Suédois opère…
Avec cette V60 Cross Country, Volvo offre une alternative crédible aux SUV. Avec ses belles capacités en dehors des sentiers battus, ses prestations routières, et son ambiance intérieur très zen, la belle rend une copie tout à fait intéressante. Ainsi, et même si certains points restent à revoir (le coffre et le système de divertissement en tête), l’auto distille un « charme » très suédois, qui tranche avec les excellents mais froids breaks teutons.
