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Essai : Ford Mustang FastBack 2,3L EcoBoost 317ch : Le mythe revisité


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Retour aux débuts des années 60. Si Ford rencontre un grand succès avec sa familiale Falcon, le constructeur est perçu par beaucoup de consommateurs comme un fabricant d’automobiles un rien « planplan ». Bien décidé à rompre cette image, Lee lacocca, alors directeur général de la marque, décide de jeter les bases de la future Mustang, qui fait ses débuts en 1964, à l’occasion de la foire internationale de New-York.

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La Ford Mustang MkI, lors de son lancement en 1964

La marque ne le sait pas encore, mais elle vient de créer l’une des plus grandes icônes de l’automobile. Le succès est immédiat, et les concessionnaires Ford sont littéralement inondés par les commandes : près de 22.000 dès le premier jour!

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La recette est pourtant simple en apparence : l’auto a une allure sportive, une large gamme de motorisations performantes (du 6 cylindres en ligne au V8), et est vendue à un prix affriolant, grâce à l’utilisation de pièces issues de la grande série (elle reçoit notamment une base de Falcon). Le résultat? Un tarif défiant toute concurrence, puisque la Mustang « de base » coûte moins cher qu’une VW Coccinelle!

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Surtout, plus qu’aucune autre voiture, la Mustang réussit à synthétiser ce qui fait rêver la jeunesse américaine. Cette nouvelle génération, profondément contestataire (on est alors en pleine guerre du Viêt Nam), a une furieuse envie d’émancipation (le mythique film La Fureur de Vivre de James Dean est encore dans tous les esprits).

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Le film La Fureur de Vivre (Rebel Without a Cause), avec le mythique et regretté James Dean,  a marqué une grande partie de la jeunesse américaine

Le public ne s’y trompe pas, et l’auto dépasse la barre du million d’exemplaires écoulés, en seulement deux années de commercialisation.

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Malheureusement, à la manière d’une autre idole contemporaine (Elvis Presley, pour ne pas le citer…), l’auto va passablement s’empâter au fil des années, pour atteindre les tréfonds du mauvais goût avec sa troisième génération, lancée en 1979. Une auto qui présentait des performances indignes de son badge, et qui affichait surtout un design qu’on qualifiera pudiquement de « quelconque »…

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La troisième génération de Mustang

Bien conscient des travers de sa star, Ford n’a eu de cesse de redresser la barre par la suite, en lançant en 2005 sa cinquième génération de Mustang, plus inspirée à tous les plans.

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La Mustang, cinquième du nom, lancée en 2005

Après une belle carrière, et de multiples déclinaisons radicales (on pense notamment à la redoutable Shelby GT500, et son V8 de 660 ch…), cette génération a laissé sa place à une toute nouvelle auto en 2015.

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La nouvelle Mustang, lancée en 2015

Après avoir un galop d’essai en novembre dernier à l’occasion des Ford Performance Days, nous avons pu nous glisser derrière son volant, le temps d’un week-end prolongé. Cette nouvelle Mustang, qui constitue à bien des égards l’auto du renouveau pour Ford, marque en effet l’arrivée très attendue de la mythique pony-car sur le marché européen, puisqu’elle n’avait jamais été commercialisée chez nous.

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Présentation : Digne héritière!

Autant le dire d’emblée :  cette nouvelle génération de Mustang est une véritable réussite esthétique.

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Il faut dire qu’elle fait d’emblée mouche, en héritant des attributs stylistiques de son illustre aînée : reprenant la fameuse face avant en « nez de requin » de la première génération, elle reçoit ainsi un long capot sculpté, et une calandre béante ornée d’un Mustang au galop. Les optiques, réduites à portion congrue, augmentent encore le côté teigneux de l’auto, qui semble toiser tout ce qu’elle croise.

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Cette nouvelle génération reçoit la fameuse face avant « nez de requin », notamment présente sur la première génération

Le profil, très suggestif, est souligné par une ligne de toit basse et plongeante, et une lunette arrière très inclinée. Les dimensions sont à l’américaine (comprenez : généreuses!) : 4784 mm de long, et 2080 mm de large.

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Une épaisse nervure au niveau de la ceinture de caisse rehausse encore le côté bodybuildé et suggestif de l’ensemble. Les passages de roues sont joliment remplis par des jantes aluminium 19 pouces.

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L’arrière reçoit les gimmicks classiques de la Mustang : feux tridimensionnels, bandeau peint en noir. Le diffuseur, qui reçoit les feux de recul et de brouillard, apporte une touche moderne à l’ensemble. Il est cerné par une double sortie d’échappement.

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Véritable aimant à regards, cette Mustang aura capté l’attention de très nombreux badauds tout au long de notre essai. Si l’effet nouveauté n’est pas à écarter, je mettrai surtout cette popularité sur le compte d’un design incroyablement évocateur, et qui arrive à enthousiasmer même le plus blasé des automobilistes.

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Du gamin impressionné par sa « gueule » à l’amateur éclairé, les questions et les demandes de photos auront fusé pendant ces 4 jours. La Tesla Model S que j’ai essayé cet été passerait presque inaperçue à côté de cette Mustang!

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Vie à bord

Autant vous le dire tout de suite, j’ai eu un peu peur avant de pénétrer à l’intérieur de cette Mustang. Ayant déjà côtoyé de nombreuses productions américaines, je m’attendais au pire à ce chapitre.

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Pourtant, même si on reste encore en deçà des standards européens, cette nouvelle génération marque un réel bond qualitatif. Je citerai par exemple le matériau moussé qui habille les casquettes de planche de bord, et la qualité correcte d’assemblage. Evidemment, tout n’est pas parfait, et certains éléments sonnent un peu trop grande série : grilles de tweeters dans les montants de pare-brise, plastique du tunnel de transmission, placages façon aluminium qui sonnent creux…

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Pourtant, l’expérience globale reste satisfaisante. On apprécie notamment les commutateurs type aviation, qui apportent une touche originale à l’ensemble. Pour le reste, on retrouve le désormais bien connu système d’infotainment Sync 2, qui se montre réactif et bien pensé.

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Si elle ne déçoit pas du point de vue émotionnel, c’est bien au chapitre routier que la nouvelle Mustang était la plus attendue. Après avoir parcouru plus de 1.000 km à son bord, je peux vous dire qu’il y a du changement!

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Sur la route : Enfin à la page!

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Avant de rentrer dans le vif du sujet, attardons-nous sur la mécanique de cette nouvelle Mustang. En effet, aux côtés d’un classique V8 de 421 ch, un « petit » 4 cylindres EcoBoost 2,3 L figure au catalogue. N’étant pas du genre à céder à la facilité, c’est pour ce dernier que j’ai opté.

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Vous me rétorquerez qu’on a connu plus excitant sous le capot d’une plantureuse Mustang! Toutefois, à y regarder de plus prêt, il y a largement de quoi se mettre sous le dent. Développant 317 ch et 432 Nm, ce bloc se montre en effet très évolué : turbocompresseur à double entrée, double ACT, distribution variable à l’admission et à l’échappement.

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Dans les faits, cet EcoBoost témoigne de toute la vigueur qu’on est en droit d’attendre d’une auto de cette trempe. Le 0 à 100 km/h est bouclé en 5,8 secondes (c’est seulement une seconde de plus que la version V8), et l’auto atteint 233 km/h en pointe. En plus d’aligner de bons chiffres, ce bloc se montre civilisé et souple, et l’auto s’apprécie également au rythme de la balade. Cerise sur le gâteau, et si tenté qu’il soit utilisé raisonnablement, il sait se montrer relativement sobre. J’ai ainsi pu constater une consommation de « seulement » 9,1 L /100 km, sur un trajet mêlant route et autoroute de 200 km.

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Malheureusement, ce bloc a les défauts de ses qualités. Je m’explique : un peu trop civilisé à mon goût, il manque tout simplement d’une petite pincée de poivre. En commençant par sa sonorité, certes retravaillée au niveau des hauts-parleurs, mais assez quelconque au ralentit, et pas assez évocatrice à l’accélération. Par ailleurs, et même s’il monte rapidement en régime, ce 4 cylindres a tendance à s’essouffler une fois les 5.000 tr/min passés. Le bilan offert par ce moteur reste toutefois largement positif, surtout aux côtés du V8, certes plus excitant d’un point de vue sonore, mais qui est plombée sur le marché français d’un malus de 8.000 Euros.

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Autre signe que l’auto s’est « européanisée », elle est équipée d’une excellente boîte manuelle à débattements courts, signée Getrag, qui constitue un régal à l’usage, avec ses guidages francs et précis.

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La révolution qu’entend apporter la Mustang ne s’arrête pas là : en se dotant pour la première fois de suspensions indépendantes à l’avant & à l’arrière, cette sixième génération se débarrasse enfin de l’antique essieu arrière rigide qui plombait sa tenue de route. Le tout est assorti d’une structure allégée, composée d’acier à haute résistance, et qui reçoit même des éléments en aluminium!

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Avec cette mise à jour, la Mustang fait enfin preuve de la rigueur qui manquait à ses devancières! Précise, équilibrée et bien suspendue, elle enchaîne les virages avec beaucoup d’aplomb, sans jamais se montrer scabreuse. Même si certains mouvements de caisse sont présents (logique pour une auto de 1.655 kg), l’auto contient plutôt efficacement son roulis. La direction est au diapason, puisqu’elle se montre précise et communicative. Cerise sur le gâteau, le train arrière encaisse sans peine la cavalerie, en tout cas sur sol sec. Propulsion oblige, l’auto se montre logiquement plus joueuse sur sol mouillé, et le conducteur pourra s’il le souhaite se livrer à quelques figures acrobatiques, même à basse vitesse (testé, et approuvé!). Heureusement, un mode de conduite pluie/neige est disponible, afin de limiter la puissance qui parvient aux roues arrière.

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Globalement, l’auto fait preuve d’une tenue de route très convaincante pour une américaine, même si une Focus ST se montrera évidemment plus efficace sur un parcours sinueux.

Points positifs :

+ Tarif alléchant (à partir de 37.000 €)

+ Gueule inimitable

+ Tenue de route très convaincante

+ Bonnes performances du 2,3 L EcoBoost

+ Boite de vitesse manuelle excellente

Points négatifs :

– Encore quelques détails de finition

– Moteur manquant un peu de piment

– Gabarit pénalisant sur les routes françaises

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Conclusion : Plus tentante que jamais!

Cette sixième génération de Mustang est à plus d’un titre l’auto du renouveau pour Ford, qui signe ici ce qui constitue sans doute le meilleur cru de sa pony-car. Plus convaincante que jamais, elle se rapproche sensiblement des productions européennes, en commençant par sa tenue de route. De même, et malgré le fait qu’il manque un peu de caractère et de voix, son bloc EcoBoost offre tout le punch qu’on peut attendre d’une Mustang. Ainsi, si elle n’est pas encore irréprochable sur certains points (notamment du point de vue de la finition), elle constitue désormais une sérieuse alternative aux coupés sportifs allemands, peut-être mieux réalisés, mais qui n’ont pas un dixième de son charisme…

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Un grand merci à mon ami Quentin Boullier, auteur des superbes clichés qui illustrent cet article.