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Test de Gran Turismo 6 sur PS3 : le retour du messie?


Place à Gran Turismo 6

Tout fraichement débarqué sur Playstation 3, voici notre test complet du tant attendu Gran Turismo 6, LA simulation auto phare de Sony depuis déjà 15 ans.

Dire que j’ai été bercé avec Gran Turismo serait un euphémisme. J’ai été initié aux jeux de voiture avec F1 1997 et Gran Turismo. Chaque sortie d’un GT sur une nouvelle plate-forme a d’ailleurs été un élément influent, si ce n’est décisif de l’achat d’une nouvelle console. Je dois bien avouer qu’après GT4 mon intérêt pour la saga s’est un peu émoussé, lassé d’attendre GT5 en jouant au chiche Prologue (que Polyphony n’aurait jamais du vendre d’ailleurs). Quand le jeu est finalement arrivé ce n’était plus la même excitation qu’avant. Soyons clair : GT5 était un bon jeu mais plus aussi exceptionnel que par le passé. Malgré l’attente très longue il n’était pas exempt de défauts, loin s’en faut : absence de dégâts, intelligence artificielle inexistante, peu de voitures Premium (terme qui désigne les modèles bien modélisés et qui offrent une vue intérieure). Pire il avait été rattrapé par la concurrence (par concurrence j’entends Forza Motorsport). Au comportement très académique de Gran Turismo Forza proposait des voitures plus joueuses tout en gardant un très bon réalisme. C’est donc avec une impatience teintée d’appréhension que je suis allé chercher mon GT6 édition anniversaire chez mon revendeur préféré. Avant de rentrer dans le vif du sujet je tenais à signaler une absence regrettable : celle du guide Apex qui était pourtant prévu, vu la qualité du précédent c’est très dommage.

A titre préliminaire notons que le mode B-Spec (qui permettait de jouer un chef d’écurie en contrôlant un pilote) a disparu, de même que l’éditeur de circuits. Un système de micro-transactions fait son apparition. Il permet au joueur d’acheter des véhicules supplémentaires avec des espèces sonnantes et trébuchantes. Si le système peut paraître choquant vu le prix d’un jeu neuf rien n’est fait pour nous forcer à sortir la carte bancaire. Les traditionnels permis, marque de fabrique de Gran Turismo depuis toujours sont encore de la partie et permettent de sanctionner votre évolution dans une catégorie.

On débute dans le jeu sur le circuit de Brands Hatch au volant d’une Renault Clio 3 RS. Le jeu analyse notre conduite et nous donne des conseils adaptés. Une fois cette prise en main finie on arrive au menu principal et le jeu nous force invite à acheter une Honda Fit RS (qu’on connaît mieux sous le nom de Jazz en France). On commence alors par la traditionnelle Sunday Cup, première compétition du jeu sur le High Speed Ring. Les aficionados de Gran Turismo ne seront pas dépaysés ! La petite Fit se débrouille pas trop mal mais les prises de roulis sont très marquées. C’est d’ailleurs l’un des points modifiés sur ce 6ème opus. Le comportement des voitures fait davantage apparaître les mouvements de caisse et les prises de roulis. J’ai d’ailleurs réussi à retourner une Toyota GT-86 sur un vibreur du Nürburgring (peut-être pris un peu trop brutalement…), chose que je n’avais jamais réussi dans l’opus précédent ! Il est assez facile de se retrouver sur 2 roues en abordant un vibreur.

Le point le plus crucial pour un Gran Turismo est et restera la conduite. Pas de craintes à avoir avec GT6, l’expérience est excellente. Le comportement des différentes autos est fidèlement retranscrit, les transferts de masse sont bien perceptibles, de même que la différence entre une traction et une propulsion. Les dérives sont plus faciles à rattraper que dans GT5 et il est enfin possible de piloter certains modèles surpuissants avec les aides électroniques débranchées (chose qui tournait au rodéo dans GT5). Il est toutefois plus difficile de faire drifter une voiture dans Gran Turismo que dans Forza car la manœuvre demandera beaucoup plus de finesse dans le premier et tout contre-braquage ou toute réaccélération trop forte se soldera par un tête-à-queue. Là où la conduite de Gran Turismo se montre gratifiante c’est en récompensant une conduite fine au détriment d’une conduite plus musclée qui se ressent tout de suite sur le chrono. On peut passer de longues heures à affiner ses trajectoires, travailler ses freinages pour arriver à boucler LE tour parfait. Peu de jeux de voitures offrent une telle précision. Comme sur le précédent opus la conduite des karts et des voitures sur piste de rallye est en retrait. Les karts sont très peu joueurs et leur conduite n’apporte pas d’agrément particulier. S’agissant de la conduite sur piste de rallye elle n’offre pas la même précision que les courses sur bitume et on passe son temps à corriger les écarts de trajectoire (notamment en ligne droite). La conduite sous la pluie est plus réussie et demandera beaucoup de doigté, notamment avec une propulsion. Les pertes d’adhérence sont gérées de façon réaliste.

Visuellement GT6 ne constitue pas une révolution par rapport à GT5, c’est globalement beau, net mais certains détails trahissent un moteur graphique un peu dépassé : public et arbres plats par exemple. Le jeu n’est également pas dépourvu de clipping (traduction : certains décors lointains apparaissent au dernier moment). De nombreux effets rendent toutefois très bien : soleil couchant notamment. Les courses de nuit sont bien représentées et nécessitent une bonne connaissance des circuits tant on y voit pas grand chose. La pluie en revanche ne rend pas très bien, notamment en vue cockpit. Colin McRae Rally 3 sur PS2 (!) offrait une animation de la pluie sur le pare-brise bien plus convaincante que les grosses gouttes d’eau de GT6. On regrette également que Polyphony ne soit pas revenu sur les bruitages, notamment ceux des crissements de pneus qui paraissent très datés pour ne pas dire désuets. Les replay sont de qualité et on a grand plaisir à revivre ses « exploits » de l’extérieur. Certains temps de chargement traînent en longueur. La navigation dans les menus est plus facile qu’avant et ils sont organisés de façon plus claire.

Polyphony Digital annonce près de 1200 voitures, chiffre impressionnant mais à relativiser. Comme dans GT5 on alterne entre voitures dites « Premium » bien modélisées, avec vue intérieure disponible et les autres modèles plus grossiers. Si ce système était déjà critiquable sur Gran Turismo 5 sa reconduction sur GT6 a de quoi énerver. Polyphony ferait mieux de diminuer la quantité de voitures disponibles pour se concentrer sur les modèles restants. Personnellement je ne vois pas l’intérêt de proposer une Mercedes Classe A 160 de 1998. De même on sent bien que le développeur triche parfois en rajoutant des voitures identiques. Un exemple : la Renault Clio 2 RS qui est déclinée 2 fois sous des formes strictement identiques mais avec un nom différent : Clio et Lutecia (nom de la petite Renault sur le marché japonais). Personnellement je trouve que le jeu propose déjà un très bel éventail de voitures (notamment anciennes, à notre plus grand plaisir) et qu’il n’a pas besoin de tels artifices pour impressionner. On sent clairement que cette débauche de voitures est un argument pour vendre.

Un autre point sur lequel GT6 était attendu au tournant : les dégâts. Si la concurrence arrive à proposer des dommages convaincants Gran Turismo avait toujours été critiqué sur ce point. Si des efforts ont étés faits pas de grosse révolution en vue. Les voitures se couvriront de bosses au fur et à mesure de vos contacts avec d’autres concurrents ou des murs mais n’auront pas de réelle déformation. En revanche le passage dans le gazon ou dans le sable salira joliment votre carrosserie.

A propos de vue intérieure une nouveauté fait son apparition qui peut paraître gadget mais qui se révèle au final utile pour les amateurs de conduite en vue intérieure (dont je fais partie) : un témoin qui vous indique si une voiture se trouve dans votre angle mort. De nouveaux circuits font leur apparition. On découvre ainsi avec plaisir la piste de Willow Springs, le circuit Ascari, ou le circuit australien Mount Panorama Motor Racing, plus connu sous le nom de Bathurst. La variété des circuits constitue l’un des points forts du jeu. Les plus beaux circuits sont tous (ou presque…) de la partie : Nürburgring, Spa-Francorchamps, Le Mans, Laguna Seca, Silvertsone, Suzuka… Point fort du jeu ils sont fidèlement retranscrits, notamment le mythique Nordschleife qu’on prend beaucoup de plaisir à arpenter.

Côté intelligence artificielle si on a un peu moins l’impression d’avoir affaire à des concurrents qui roulent sur des rails et que rien ne fait dévier de leur trajectoire elle reste toutefois largement perfectible. Autre détail énervant : la voiture de tête a tendance à ralentir dans le dernier tour quand vous êtes deuxième pour que vous puissiez la rattraper ce qui fausse le niveau des courses. Les premiers championnats ne proposent d’ailleurs pas un grand challenge et l’or est facile à obtenir.

Les différents championnats et permis sont entrecoupés de défis « pause café ». Au cours de ces défis vous devrez par exemple renverser un certain nombre de cônes dans un temps imparti. Plutôt amusant. Un autre défi consiste à parcourir la plus grande distance avec un litre de carburant. C’est plus discutable.

A ces défis s’ajoute des invitations à des événements tels que le mythique festival de Goodwood au cours duquel vous devrez parcourir l’étroite piste du festival dans un temps donné, au volant par exemple d’une Alpine A110 ou d’une superbe BMW 507. L’intérêt de l’événement exploration lunaire nous a en revanche paru plus discutable.

On retrouve avec plaisir la possibilité d’améliorer ses véhicules, que ce soit esthétiquement avec un joli choix de jantes, aérodynamiquement (aileron, fond plat…) ou mécaniquement (échappement, turbo, suspensions, transmission…). Les différentes améliorations influent grandement sur les performances de la voiture sans être caricaturales.

Verdict

Gran Turimo 6 demeure une très bonne simulation automobile et constitue l’épisode que la PS3 méritait en lieu et place du décevant 5ème opus. On peste encore et toujours devant des défauts qu’on pouvait déjà reprocher à GT5 et qui n’ont pas vraiment étés corrigés. C’est particulièrement rageant et on se demande si Polyphony a vraiment écouté les critiques formulées. Il faut espérer que le studio reviendra enfin en profondeur sur la série pour son passage à la Next Gen, que ce soit graphiquement ou en terme de gameplay. Gran Turismo demeure toutefois une encyclopédie dédiée à l’automobile et le comportement des voitures reste incontestablement le point fort du jeu.

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